Les Américains peuvent dire ce qu'ils veulent, en donnant au besoin leurs propres statistiques désormais contestées de sources indépendantes, mais ils ne pourront jamais justifier le massacre que leurs forces préalabalement prémunies contre toute poursuite que pourrait envisager la CPI (Cour pénale internationale), si jamais bien entendu, un ou certains de ses membres viendraient à en faire la demande. Il n'y aura pas d'accusation pour crime de guerre ou génocide ou encore crimes contre l'humanité, même si la population de Falloujah les subit dans toute leur étendue. Et encore moins de poursuite, avec cette multitude d'accords d'exemption que les Américains ont conclus avec de nombreux pays membres de la CPI. Avec de tels accords, les Américains sont assurés de l'impunité. Ce qui explique l'ampleur des moyens engagés par l'armée américaine et les bombardements massifs sur Falloujah. Et hier, les marines tentaient de venir à bout des dernières poches de résistance. Au dixième jour de l'offensive contre cette ville située à 50 km à l'ouest de Baghdad, les combats faisaient rage en matinée dans le sud, l'armée américaine pilonnant des positions supposées être celles de résistants. Des tirs d'artillerie étaient entendus et des avions AC-130 bombardaient des positions dans ce même secteur de la ville, prise d'assaut le 8 novembre par des milliers de soldats américains et irakiens. Des artificiers américains faisaient par ailleurs exploser des maisons qui servaient de caches d'armes. Dans le nord de Falloujah, une équipe de volontaires irakiens, encadrée par l'armée, entreprenait de retirer des rues les dizaines de cadavres de combattants ou de civils. Les habitants de la ville sont totalement épuisés et à court de vivres et nombre d'entre eux se sont réfugiés dans la localité voisine de Saqlawiyah. Mais le gouvernement irakien a nié que cette région soit le théâtre d'une crise humanitaire. Plus à l'ouest, dans la ville de Ramadi, des accrochages à l'arme légère et aux obus de mortier ont éclaté entre des soldats américains et des résistants. Dans le nord, quelque 1200 soldats américains ont lancé une opération dans la troisième ville d'Irak, Mossoul, au cours de laquelle ils ont réoccupé tous les postes de police de l'ouest, selon l'armée. « Le même processus se déroulera sur la rive est », a ajouté un officier. Et il semble qu'il en sera de même là où il y a opposition à l'occupation étrangère. Les moyens, on les connait désormais. Une puissance de feu sans égale.