Les déclarations du président français Nicolas Sarkozy dénonçant « l'injuste système colonial » semblent être en deçà des attentes aussi bien des dirigeants que du peuple algérien. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le fait savoir : « Nous le dirons toujours que ce n'est pas assez. Quand nous plaçons ces paroles dans leur contexte, ce n'est pas assez, mais c'est un progrès. » Le ministre de l'Intérieur invite ainsi les gouvernants français à donner avec plus de clarté leur perception du colonialisme. Le président Sarkozy s'est contenté, dans un discours prononcé à son arrivée lundi soir à Alger, de qualifier le système colonial de « profondément injuste ». Une telle déclaration est loin de refléter les souffrances qu'ont subies les Algériens durant cette sinistre période coloniale (1930-1962). « Pendant longtemps, nous n'avons pas voulu l'aborder (la période coloniale) dans toute sa profondeur. Les problèmes se compliquent lorsqu'il y a absence de communication », affirme M. Zerhouni, premier officiel algérien à réagir aux déclarations du président français dont la visite d'Etat de trois jours se terminera aujourd'hui à Constantine. Le ministre de l'Intérieur insiste dans sa réaction sur l'importance que les deux parties algérienne et française évoquent leurs problèmes « en toute franchise ». Il refuse cependant d'admettre l'existence de malentendus entre les deux pays : « Je ne pense pas qu'il y ait des malentendus entre l'Algérie et la France et nous nous connaissons mieux l'un et l'autre. C'est incontestable. Et chacun de nous connaît les problèmes et les limites de son partenaire. » Pour le ministre de l'Intérieur, il existe bien « une volonté politique d'avancer et de construire de part et d'autre », avant d'ajouter qu'il y a « en France, comme en Algérie, des personnes qui restent convaincues que nous sommes condamnés à croire en une amitié possible et à construire une solidarité fiable ». M. Zerhouni est également revenu sur la récurrente question de la circulation des personnes, exprimant ainsi son « insatisfaction » quant au taux de délivrance des visas français. Le ministre estime qu'il devrait y avoir plus de fluidité dans la circulation des personnes entre les deux pays, et ce, au vu de « l'importance des liens entre l'Algérie et la France, liens qui doivent être fructifiés et fluidifiés ». Le ministre n'a pas manqué l'occasion pour souligner la frilosité des investisseurs français, jugeant « faible le volume des investissements en Algérie ». Il fait savoir que le volume actuel des investissements directs français en Algérie « n'est pas à la mesure des attentes des dirigeants algériens », souhaitant dans le sillage que les partenaires français « aient une meilleure perception du marché algérien qui offre, affirme-t-il, des perspectives prometteuses ».