Le monde audiovisuel européen est agité par diverses turbulences ces dernières semaines. A l'appel en France à la journée (30 novembre) de médias sans l'omniprésent Sarkozy s'ajoute en Italie le scandale sur l'infiltration de la RAI par des proches de Berlusconi, magnat des médias et ancien Premier ministre. Un pavé a été jeté par la presse italienne via la publication de transcription de conversations téléphoniques indiquant que le groupe de télévision public RAI s'est mis de connivence avec le groupe privé Mediaset, propriété de Berlusconi, pour réduire la résonance médiatique de la défaite électorale du sémillant Silvio Berlusconi, communément dénommé « Il cavaliere ». Des centaines de transcriptions de conversations téléphoniques de son entourage professionnel direct mises sur écoute ont livré des éléments à charge confondante pour l'intéressé. L'évènement est d'autant important que l'autorité indépendante italienne de régulation des communications a annoncé sans tarder l'ouverture d'une enquête sur le sujet. Pour déterminer les conditions dont a usées l'ancien Président du Conseil pour faire main basse sur les télévisions publiques et privées. Ce qui est appelé là-bas par néologisme Raiset (Rai additionné de Mediaset). L'intéressé se dit victime de diffamation : "Depuis que je fais de la politique j'ai enlevé un peu de pouvoir (à certaines personnes), je suis l'ennemi", a-t-il dit, se donnant les lauriers d'un autodidacte qui a révolutionné la scène politique depuis les années 1990. "Je vois qu'il y a des hyènes et des vautours prêts à sauter sur les gens. Ces gens devraient avoir honte. Il ressort des éléments transcrits et publiés que Berlusconi a eu toute latitude pour contrôler financièrement et politiquement les orientations et décisions majeures du groupe de service public. Une présomption de collusion entre les prérogatives d'homme d'Etat et son pouvoir généré par le groupe Mediaset. Ainsi l'un des entretiens téléphoniques rapportés par l'influent quotidien de gauche La Repubblica, entre une ancienne collaboratrice de Berlusconi devenue responsable de la programmation du groupe public, Debora Bergamini, et son homologue de Mediaset, s'est effectuée au moment où s'affichaient les résultats des régionales de 2005, remportées par l'opposition. La première a « invité » son interlocuteur « à diffuser un programme de prime-time fort" pour, en détournant l'audimat, réduire le débat sur les résultats, prévu le soir même sur la RAI. Toujours pour minimiser la victoire de l'opposition, le même jour un dirigeant de la RAI affirme – dans la transcription téléphonique – qu'il s'est « entendu avec le porte-parole de Berlusconi » pour repousser l'annonce des résultats. Du corpus contenu par les transcriptions des messages téléphoniques ressort en fil de trame que les présences de Berlusconi à la télévision de même que l'opportunité ou non de donner une nouvelle de nature à lui nuire éventuellement étaient soumises à étude approfondie. Dans une orchestration minutieuse. Une forte vague d'indignation dans l'opinion publique a succédé à la publication des transcriptions des entretiens téléphoniques. Pour sa part le ministre des Communications Paolo Gentiloni, membre du gouvernement de centre-gauche, qui a remporté de justesse les élections de 2006, a affirmé : « Ces transcriptions ne font que prouver ce que l'on soupçonnait déjà, à savoir que Berlusconi contrôlait la quasi-totalité des télévisions italiennes. » L'ancien président du Conseil mis ainsi sur la sellette politico médiatique voit ses chances réduites de rebondir sur la scène en créant une nouvelle formation politique. Lui restent bien sûr, via Mediaset, de fabuleuses capacités de manager d'infinies fabriques d'images de rêve, dont celles d'Endemol pour Star Academy.