Débat n Cet apport dans la production et le véhicule du savoir au sein de la société arabe contemporaine a fait, hier, l'objet d'une rencontre. Celle-ci intervient dans le cadre d'un colloque international qui se tient à l'auditorium du théâtre de verdure - en contrebas de l'hôtel El-Aurassi. Initié par le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques, le colloque, qui s'étalera jusqu'à demain, a pour thème «Femmes et savoir dans le monde arabe contemporain». Guenfissi Hayet, universitaire algérienne, a, dans son intervention, mis l'accent sur le concours de la femme arabe, notamment la femme algérienne dans la production et la transmission du savoir. «Le rôle de la femme ne s'arrête pas seulement à l'enfantement et à l'éducation, ou à assumer les fonctions ménagères», a-t-elle relevé. Et de poursuivre : «Son rôle dépasse ce champ d'exécution à un autre, celui du savoir féminin.» Autrement dit, «ce sont les femmes qui détiennent la clé de voûte grâce aux pratiques rituelles, symboliques qu'on rencontre dans la vie quotidienne et occasionnelle, et qui s'interprètent dans le tatouage, le décor de poterie et de tissage, et beaucoup d'autres choses». La femme algérienne, à l'instar de toutes les femmes arabes, joue un rôle important et considérable dans le maintien de la tradition et de l'identité ancestrale. Elle se révèle garante et dépositaire de notre capital culturel et s'emploie à le perpétuer, en le transmettant de génération à génération. Nacer Aït Mouloud, chercheur, a rappelé, pour sa part , que «la femme algérienne est l'agent essentiel de la codification du statut de la femme. Elle est donc un agent de décision des relations sociales à entretenir : des liens de parenté à créer, des positions sociales à gérer… Elle est l'agent de production et de reproduction de sa propre situation sociale comme elle est agent de changement des valeurs culturelles et sociales.» Cela revient à dire que la femme use de modalités (coutumes et cérémonials) pour asseoir sa position au sein de la société. Kahina Bouanane, universitaire algérienne, a, de son côté, focalisé sa communication sur la représentation de l'écriture féminine. Celle-ci, dit-elle, est une mise en scène du personnage de la femme, une scène qui a pour décor la société, qui est à forte dominance masculine. «Il s'agit de mises en position rédigées par une parole de femme», a-t-elle dit, ajoutant : «Les romancières arabes, à l'exemple de Assia Djebbar ou de Malika Mokaddem, font émerger la voix féminine enterrée.» Ces femmes écrivaines écrivent par «un désir sauvage de ne pas oublier». Elles s'engagent de manière à libérer la parole féminine, la faire entendre. Elles écrivent en usant de stratégie pour dévoiler ou dénoncer - parfois critiquer sévèrement - l'état de la société. «Assia Djebbar s'est engagée dans une tâche, celle de libérer la parole féminine, de réactiver toutes les voix de femmes afin d'empêcher leur disparition définitive, y compris corporelle», a-t-elle fait remarquer.