Zeynab Laouedj1 a réuni ses meilleurs poèmes dans un recueil intitulé Les chants de la dernière colombe2. Un recueil construit à la manière d'une suite de « stations », mais où, pourtant, la continuité est donnée par cette pression incessante des aromates qui tracent, ouvrent, élargissent jusqu'aux étoiles le chemin de la poétesse : « Tu interroges l'écume de la mer En berçant le vent Tu attends. Que les nuages Te rendent visite Flambée de feu Et caravane de fourmis Qui embrassent La terre Et l'odeur des pierres ». Allégorie de l'homme que poussent toujours plus loin, au-devant de sa nuit, les parfums des fleurs qui le poursuivent, des senteurs de la terre qui le harcèlent, les myriades de flèches sorties de son carquois qui se sont retournées contre lui. Et sa fuite, à la rencontre des grandes formes mythologiques qui peuplent le ciel, scandent le poème. Et le poème de Zeynab Laouedj est « féminin » : « Depuis la nuit des temps De la plaque tombale Elle a fait Une stèle pour s'adosser. Debout tel un saule Droit Vers Le ciel » Le lecteur de ce « choix de poèmes » aura le sentiment de retrouver intact le pouvoir de frappe et d'incision d'une poésie, où les images s'allument à tout instant comme un feu pur. Ce n'est pas un hasard si elles évoquent si fréquemment « les douleurs de la femme », comme elles l'ont fait tout au long de l'œuvre de Zeynab Laouedj : « Nos filles Aux doigts féeriques Caressent le giron du ciel Tressent les rayons du soleil Racontent leurs douleurs aux étoiles Maquillent les yeux de la lune luisante Tout en séchant leurs larmes enivrantes ». « Les corbeaux3 » sont passés par là. Et en militante impénitente, la poétesse défend ces innocences enlevées, violées et/ ou assassinées : « Pas à pas Il me traîne à une couche D'épines ». Ce « choix de poèmes » est un appel adressé aux hommes, au-delà de l'effroi et de la peur, à « regarder la terre sur laquelle ils vivaient et à la tutoyer en baissant les yeux » 1)-Née en 1954 à maghnia, elle a publié 4 recueils de poèmes en arabe (la danseuse du temple, Nouara la folle, etc..) 2)-Traduit de l'arabe par l'auteur et Cécile Oum Hani. 3)-Les terroristes (dans les poèmes de l'auteur).