Un pays qui importe 43% de ses besoins en lait frais peut-il avoir la prétention d'être à l'abri des aléas des cours mondiaux ? L'Algérie qui continue à subventionner ce produit en fixant un prix administré du sachet de lait, malgré la flambée des cours internationaux de la poudre de lait, ne compte que sur ses ressources pétrolières pour faire face à cette nouvelle donne. Aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence. La crise de la filière du lait s'est installée durablement notamment à cause des sécheresses répétées qui touchent les pays exportateurs de lait et la baisse de la production en Europe imposée par les quotas autorisés par la commission européenne. Indéniablement, l'Algérie subit de plein fouet cette crise car, jusqu'à ce jour, nulle stratégie n'est élaborée pour pallier cet état des lieux. Les producteurs attendent les subventions de l'Etat pour continuer à commercialiser le sachet de lait à 25 DA alors qu'il leur revient à 55 DA et l'Etat compte sur la manne pétrolière pour poursuivre sa politique protectrice des consommateurs. En dehors de l'indemnisation versée aux producteurs de lait, qui coûte chaque année 16 milliards de dinars au Trésor public, rien n'est entrepris pour remédier à cette situation. Même la subvention ne parvient plus à rassurer les professionnels. Ceux-ci réclament de plus en plus une revalorisation qui ne saurait point guérir le mal. Elle ne permettrait que de freiner sa propagation. Quant au projet de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), il semble loin d'être la solution idoine pour un problème aussi important. L'épuisement des réserves mondiales de lait et le boom de la demande internationale ont entraîné une flambée sans précédent des prix de la poudre de lait. L'Algérie, au même titre que les gros importateurs est l'un des pays les plus touchés. La situation risque d'être encore plus critique cette année. Et pour cause ! Les perfusions financières, à elles seules, ne permettront certainement pas de résoudre le problème de fond. La mise en garde émane directement de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Tant que l'Algérie n'élargira pas son cheptel laitier, les producteurs ne seront pas à l'abri des caprices du marché. La solution est quasi évidente. Augmenter le cheptel, assurer la culture de son fourrage et organiser la collecte de la production sont les pas à franchir incessamment. La mise en place d'une vraie stratégie de la filière réduirait sensiblement la facture des importations et mettrait le pays définitivement à l'abri des fluctuations liés à la crise mondiale. G. H.