La célébration du 59e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme a été marquée par l'organisation, hier à Alger, d'une journée d'étude intitulée « Place des droits de l'homme à la lumière des réformes en Algérie », à l'initiative de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh). En marge de la journée, le président de la Cncppdh, Farouk Ksentini, a affirmé que le rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie sera remis au plus tard mars 2008. Il juge que des choses se concrétisent sur le plan des droits de l'homme, « mais il faut que la réforme de la justice suive ». En outre, il souligne que les droits de l'homme nécessitent qu'il soient satisfaits aux droits sociaux tels que l'emploi, le logement, la santé, la scolarisation. « Mission à laquelle s'attache l'Etat avec une rare opiniâtreté, même si l'on peut regretter que souvent les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements et des efforts développés. » Pour maître Ksentini, la réforme de la justice est capitale mais aussi complexe. Par ailleurs, il annonce que le dossier des disparus est au stade de l'indemnisation des familles. S'agissant des détenus de Guantanamo, il indique que ceux-ci sont libérables sous peu dès lors que le président Bush a décidé de fermer le camp. Dans son intervention, Me Ksentini a indiqué que l'Algérie a entrepris depuis bientôt une décennie et « avec un succès progressif » de devenir un Etat de droit dans toute l'acceptation du terme afin de satisfaire aux légitimes revendications citoyennes. Il suggère que les droits de l'homme doivent nécessairement quitter le champ des « propos discourus » pour occuper celui « de la réalité à la fois concrète et quotidienne ». Il en a été ainsi, ajoute-il, lorsqu'il a été décidé d'une réforme de la justice. Pour sa part, M. Bara, conseiller à la présidence de la République, est revenu sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale dont l'effet ne se limite pas au traitement conjoncturel de la crise, mais s'étale sur l'avenir du pays. Il n'a pas manqué en outre d'écorcher les ONG internationales des droits de l'homme qui tentaient, durant les années 1990, de coller à l'Algérie l'étiquette d'une guerre civile. « Il n'est pas possible de faire un parallèle entre ceux qui tentaient la destruction de l'Etat républicain et ceux qui l'ont sauvegardé », réplique M. Bara, ajoutant qu'il faut suivre l'appel du président Bouteflika pour « tourner la page sans la déchirer ». Il a critiqué aussi des voix qui revendiquent la création d'une « commission vérité et justice » comme préalable à la charte pour la paix. « Dans plusieurs pays ayant connu une crise similaire, ces commissions n'ont pas pu réunir les conditions adéquates pour une réconciliation. » Le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, a, pour sa part, mis l'accent dans son exposé chiffré sur la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, sur les efforts financiers consentis par l'Etat pour indemniser les victimes de la tragédie nationale. Il a à cet effet indiqué que l'Etat a dégagé la somme de 18,6 milliards de dinars pour le dédommagement des familles victimes de la tragédie nationale. Sept milliards de dinars ont été déboursés, a-t-il soutenu, uniquement pour l'indemnisation des veuves, ajoutant que son département ministériel a recensé 43 512 familles victimes de la tragédie nationale.