J'étais assis chez moi. Soudain le mur de ma maison s'est écroulé. Je n'ai rien compris », déclare un vieil homme d'environ 65 ans qui vient de quitter le service des urgences du CHU Mustapha Pacha d'Alger où il venait de recevoir les premiers soins. Il habite juste en face du siège du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), situé au quartier des Oasis à Hydra, qui était la cible d'un attentat à la voiture piégée. Des traces de sang encore visibles sur sa veste, l'homme s'en est sorti avec une légère blessure à la tête. Accompagné de sa femme, il affirme qu'il ne réalise pas encore comment cela s'est passé. Un jeune peintre était contraint de faire le déplacement à l'hôpital, non pour se soigner mais il avait accompagné une jeune femme grièvement blessée. Son pantalon taché de laque est plein de sang. « Non je ne suis pas blessé, mais j'ai secouru une femme. Il y avait également beaucoup de personnes blessées à proximité du lieu », témoigne-t-il. Le service des urgences de l'hôpital Mustapha Pacha est pris d'assaut par de nombreux citoyens, dont la majorité est venue demander des nouvelles de ses proches. C'est la mobilisation générale. Des ambulances de l'institution hospitalière et celles de la Protection civile affluaient à grande vitesse vers le service des urgences, quadrillé par des policiers dépêchés sur les lieux quelques minutes seulement après le drame. « Cédez le passage ! Laissez les ambulances accéder au service », lançaient ces agents à l'adresse des nombreux journalistes venus recueillir des informations et avoir le bilan exact des victimes. Derrière le cordon de sécurité, beaucoup de citoyens se sont déjà rassemblés. Le choc et les signes d'interrogation sont visibles sur leurs visages. On ne sait pas encore où ont été commis les attentats. Les rumeurs vont bon train. « La bombe a été placée dans un bus pour étudiants », déclare un jeune homme. « Non, j'étais très près du lieu, le bus des étudiants a été seulement touché par la déflagration », rétorque un autre jeune en survêtement bleu. Vers 11h30, le directeur général de l'hôpital, M. Dahar, est venu donner le premier bilan à la presse. « Au niveau de l'hôpital Mustapha, nous avons reçu pour le moment 32 blessés, dont trois sont dans un état grave. Il s'agit de deux personnes de nationalité étrangère (un Africain et Asiatique) et d'un policier amputé d'une jambe », déclare-t-il. Entre temps, des ambulances continuent d'affluer vers le CHU. Selon lui, la plupart des personnes admises ont des blessures légères qui leur permettent de rentrer chez elles une fois soignées. « Nous avons même une équipe de psychologues pour prendre en charge les personnes choquées », ajoute-t-il. Vers 12h30, le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, est arrivé à l'hôpital. Il s'est rendu directement vers le service des urgences. A sa sortie, il refuse de faire des commentaires. Les sirènes des ambulances se faisaient entendre du côté de la place du 1er Mai, où est situé l'hôpital, durant toute la journée.