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Les opérations de recherches prennent fin à Hydra
Double attentat du 11 décembre d'Alger
Publié dans El Watan le 15 - 12 - 2007

L'espoir de trouver vivants les deux derniers disparus sous les décombres des bureaux du Pnud, à Hydra, s'est envolé après le dégagement jeudi de trois corps sans vie
Dure et difficile a été la décision, jeudi soir, d'arrêter les recherches des deux personnes encore ensevelies sous les décombres des bureaux du Pnud, à Hydra, soufflés par l'explosion d'un camion piégé, mardi dernier, au point qu'aucun des officiers de la Protection civile n'a pu le déclarer officiellement aux familles qui passaient leur troisième nuit consécutive en face des bâtiments en ruine. L'espoir de les sortir vivants, suscité par le sauvetage de Sofiane, évacué à l'étranger après l'amputation de sa jambe, s'est éclipsé après le dégagement, durant la journée de jeudi, des corps écrasés de Hamza, Mohamed et Mustapha. Proches et familles espèrent vivement retrouver ne serait-ce qu'un bout de chair de leurs enfants afin de pouvoir les enterrer et faire leur deuil. « Vous ne pouvez pas arrêter les recherches, il y a encore mon fils sous les pierres », lance en sanglots la mère d'une des victimes à un officier de la Protection civile. Elle le supplie en lui embrassant les mains de poursuivre les recherches. L'officier, très ému, a les larmes aux yeux. « Nous n'allons pas arrêter. Nous utiliserons d'autres moyens plus importants pour pouvoir soulever les dalles », lui dit-il comme pour la rassurer. En fait, c'est l'entrée en action des gros moyens pour déblayer les lieux. Mais, il est question « de mener cette opération de la manière la plus délicate possible, pour éviter que les corps, s'ils sont toujours sous les décombres, ne soient broyés. Cela va nous prendre beaucoup plus de temps pour nettoyer l'endroit, mais que voulez-vous ? Le regard de ces parents éplorés nous pousse à faire le maximum, même si cela va prendre des mois », explique-t-on. Les équipes de secouristes se relaient depuis mardi matin, mais certains préfèrent ne pas s'arrêter tant que les restes des deux corps ne sont pas retrouvés. Hier encore, après une troisième nuit de recherches, aucune trace des victimes. Mais les familles sont encore là à suivre le travail des secouristes. Elles scrutent leur moindre geste et les interpellent à chaque fois que les engins lèvent des parties des dalles en béton empilées de ce qui reste des bureaux du Pnud. Un décor chaotique sur lequel s'est abattu un silence de marbre, qui étouffe même le bruit des moteurs des gros engins ou des girafes (immenses projecteurs utilisés la nuit). Cette douloureuse tragédie a fini par faire tisser des liens de compassion et de solidarité entre les habitants du quartier qui n'ont pas été touchés et ceux ayant perdu leurs logements ou leurs proches. Café, thé, tisane, repas chauds, couvertures sont servis régulièrement, comme pour apporter réconfort et un peu de chaleur dans ces journées glaciales aux familles des disparus. Vendredi matin, les employés des services d'hygiène de la commune de Hydra et d'autres communes limitrophes arrivent en nombre important. Mais le dispositif des secouristes et même quelques agents du laboratoire scientifique sont encore sur les lieux. Le wali délégué de Bir Mourad Raïs, dont dépend la commune de Hydra, a promis la veille aux habitants de l'immeuble soufflé par l'explosion, un relogement provisoire dans des chalets, avec tout le nécessaire en ustensiles de cuisine, produits alimentaires, literie, cuisinière, réfrigérateur et chauffage, et ce, en attendant soit la reconstruction de leur immeuble ou une indemnisation. L'APC de Hydra, quant à elle, a même prévu de leur offrir des moutons pour le sacrifice de l'Aïd, afin que les sinistrés puissent passer cette fête religieuse comme tous les autres Algériens. Des équipes de psychologues ont été dépêchées dans les écoles mitoyennes aux lieux des deux attentats. Les scènes de panique ayant suivi les explosions dénotent l'état de psychose dans lequel se sont retrouvés écoliers, collégiens, lycéens et étudiants, mais également le corps enseignant et les familles. Après dix-sept ans de violence indescriptible, les Algériens n'arrivent toujours pas à surmonter leur peur et leur traumatisme. Des décisions sont prises pour tenter d'effacer les traces d'une boucherie, mais celles-ci restent à tout jamais gravées dans la mémoire collective.

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