Le ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, a annoncé, dans un entretien accordé hier au quotidien El Moudjahid, que l'avant-projet de loi organique sur l'information sera déposé sur le bureau du chef du gouvernement avant la fin de l'année. « Les journalistes auront entre les mains le projet dans toute sa substance essentielle (juridique, éthique et professionnelle), qui fera l'objet de concertation avec les acteurs de la communication », a-t-il indiqué. Il a souligné que l'avant-projet du code de l'éthique et de la déontologie, qui sera présenté au chef du gouvernement à la même période, ne va pas dans le sens contraire des attentes des gens de la profession. « Ce projet de code ne pénalise pas l'acte d'informer ou l'exercice de la profession de journaliste. Si on avait eu un code d'éthique, toutes les dérives que l'on a vues et tous les écarts observés n'auraient sans doute pas eu lieu. Au lieu de chercher vainement à voir dans ce code une contrainte, il serait plus juste d'y voir un rempart contre les dérapages », a-t-il précisé. Le ministre a expliqué que ces deux avant-projets de loi s'imposent aujourd'hui en déplorant que « pendant une période s'étalant sur plus de cinq ans, des erreurs graves et des déviations, non moins graves par rapport à la déontologie, ont été observées quotidiennement (...). Des erreurs professionnelles graves ont été commises par quelques journalistes de la presse écrite sans qu'il y eût pour autant une quelconque réaction de la part du conseil qui aurait dû immédiatement intervenir, mais qui ne l'a jamais fait en l'absence du droit de saisine et d'autosaisine ». Pour lui, l'Algérie a besoin d'une presse qui produit, diffuse l'information, qui émet des critique sérieuses, qui analyse, qui porte la contradiction et qui propose. « Aucune différence d'opinion n'est bridée et aucune critique n'est réprimandée. Mais la liberté de la presse, à ce que je sache, n'a jamais été la liberté de diffamer, d'insulter ou de porter atteinte, de quelque manière que ce soit, aux hommes ou aux institutions de la République. C'est ce pervertissement de l'acte d'informer en un acte d'une autre nature qui, affectant par là la profession dans ses responsabilités, dans sa décence et dans son éthique, qu'il faut revoir », a-t-il dit. M. Haïchour pense qu'il faut que la profession « s'élève au niveau de ses responsabilités et (qu')elle assume dans le strict respect des valeurs universelles qui soutiennent le droit d'informer ». Le ministre estime que la responsabilité de ces erreurs incombe au manque de formation : « Assez souvent le manque de formation de certains de nos correspondants de presse est la cause de certaines fautes professionnelles. Nous nous devons en tant que pouvoir public et syndicat de développer des séminaires de formation pour mieux maîtriser les nouveaux concepts de la communication et les éléments de droit qui inspirent notre devoir d'informer. » Il rappelle au passage que tout journaliste, comme le ministre, ou autre commis de l'Etat sont des citoyens égaux devant la justice dans les droits et les devoirs.