Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, est attendu aujourd'hui à Alger. Sa visite intervient une semaine après le double attentat suicide survenu dans la capitale, qui a ôté la vie à plus de 70 personnes dont 17 employés de l'ONU. Ce double attentat, revendiqué dans une vidéo diffusée sur internet par la branche d'Al Qaïda au Maghreb (l'ex-GSPC), ciblait à la fois le siège du Conseil constitutionnel et les édifices abritant le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), à Hydrar. Choquée, la communauté internationale a vivement condamné ce double attentat et exprimé son franc soutien au peuple algérien. Secrétaire général de l'ONU depuis le 1er janvier 2007, M. Ban Ki-moon effectue ainsi sa première visite en Algérie dans un climat de peur et de psychose. Si aucun ordre du jour n'a été donné pour cette visite, il est clair que le secrétaire général de l'ONU vient d'abord pour réaffirmer la solidarité de la communauté internationale avec le peuple et le gouvernement algériens, mais surtout pour proposer l'aide onusienne pour faire face à ce phénomène transnational, qui continue à endeuiller des nations entières. C'est dans ce sens que M. Ban Ki-moon aura des discussions avec le président Bouteflika sur, notamment, la reprise des activités de l'ambassade de l'ONU en Algérie. Pour cela, il faudrait donc aménager un nouveau siège pour le HCR et pour le PNUD, dans un lieu sûr et mieux sécurisé. Pour rappel, M. Ban Ki-moon a déclaré au lendemain des attentats d'Alger que l'ONU envisage de renforcer la sécurité autour de ses représentations à travers le monde ainsi que celle de son personnel. Dans son allocution lundi, à l'ouverture de la conférence internationale des donateurs pour la relance économique et sociale de la Palestine à Paris, M. Ban Ki-moon a affirmé que la représentation de l'ONU en Algérie sera rouverte, attestant que « l'attentat d'Alger ne nous découragera jamais à accomplir la tâche vitale des Nations unies ». Il devrait ainsi aborder ce sujet avec les dirigeants algériens. Aussi, Kamel Dervis, l'administrateur du PNUD, avait annoncé, lors d'une visite éclair à Alger le 13 décembre, que l'ONU n'allait pas réduire son personnel en Algérie. « Nous attachons une grande importance à notre partenariat avec l'Algérie et à son apport au système des Nations unies », avait-il indiqué, assurant qu'il venait en Algérie « pour offrir (son) appui aux familles de ceux qui ont péri dans ces explosions et pour transmettre à la population algérienne un fort message de solidarité de la part des Nations unies ». M. Dervis déclarait avoir éprouvé « beaucoup de tristesse » après avoir constaté de ses propres yeux l'impact de l'attentat sur ses collègues qui se consacraient, a-t-il tenu à préciser, à créer des moyens de subsistance durables pour les populations pauvres des zones rurales d'Algérie, à faciliter l'accès à la justice, à renforcer le Parlement national et à promouvoir la protection de l'environnement. Faisant part de sa satisfaction des efforts fournis par le gouvernement algérien pour secourir les victimes de ce double attentat, M. Dervis a insisté sur la volonté des Nations unies de « continuer à travailler en Algérie ». Pour l'administrateur du PNUD, la sécurité du personnel de l'ONU demeure d'une « grande importance », précisant que « les gouvernements des pays hôtes dans le monde entier doivent faire le maximum » pour continuer de l'assurer. Mais si la sécurité du personnel semble préoccuper les responsables de l'ONU, les Algériens espèrent néanmoins que cette visite débouche sur des initiatives concrètes, du moins concernant l'aide onusienne en faveur de la lutte antiterroriste en Algérie et dans le monde.