A chaque fête l'Aïd El Kebir, le stade communal de Larbâa Nath Irathen (27 km de Tizi Ouzou) est reconverti en un gigantesque marché. On y commercialise les fruits et les légumes, mais aussi des ovins. Pour s'y installer, les marchands et les clients ne se gênent pas à parquer leurs véhicules sur le terrain de football. Pour les autorités locales, le recours occasionnel au stade municipal comme lieu de négoce est dicté, notamment, par le manque d'espace et pour des raisons de sécurité, indique-t-on. Néanmoins, les sportifs ne sont pas convaincus. Ils fulminent. Les maquignons creusent des rigoles à l'aide de pioches-pique pour installer les enclos. Les excréments des animaux et les amas de foin recouvrent le sol à la fin de chaque journée de marché. Ici, on ne nettoie pas, mais on laisse faire la nature. « C'est rien, c'est biodégradable ! », lance un vendeur d'un air sarcastique. A ce propos, un sportif dit : « Les eaux pluviales n'ont rien laissé, à cause de l'érosion, et maintenant on s'en mêle avec des pioches ! » A l'extérieur, d'énormes camions chargés de foin sont stationnés le long de la clôture du terrain de football. Pourtant, cet espace a été interdit aux négociants. Délocalisé à la sortie sud-est de la ville, les commerçants reviennent toujours pour étaler leurs marchandises sur les accotements de la route qui mène vers le village Ath Ateli. Par ailleurs, des athlètes se sont plaints de l'état de dégradation de leur lieu de divertissement, qui connaît un délaissement de la part des autorités locales. « Le stade municipal est laissé aux quatre vents. Les élus font de la jeunesse et des sports leur cheval de bataille lors des meetings pour nous convier à aller voter. Et, une fois élus, ils s'occupent plutôt de leurs petites querelles. » Effectivement, l'assemblée issue de la dernière consultation électorale est déjà bloquée. Les jeunes attendent pourtant une prise en charge rapide, effective et réelle de leurs préoccupations. Au niveau de l'entrée principale, les rejets des eaux usées des locaux en amont sont déversés sur le tuf, ou du moins ce qui en reste. En plus de l'absence de gardiennage, les portails sont cassés. La surélévation des murs n'est toujours pas réalisée. Le stade n'est ni gardé ni sécurisé. N'ayant pas été aménagé depuis plus de dix ans, les clubs évoluent dans les mares et la boue en hiver. A peine réparés, les vestiaires inspirent la désolation chez les footballeurs. L'un d'eux conclut : « Nos vestiaires sont devenus le lieu de prédilection des voyous. Toutes les disciplines souffrent du manque de moyens à Larbâa Nath Irathen. Il suffirait de constater l'état dans lequel est le sport roi de cette localité. »