La contestation dans le secteur de l'éducation nationale ne cesse de grossir. Et pour cause, c'est l'entrée de la Maison de la presse Tahar Djaout, sise à la place du 1er Mai, à Alger, qui sert de quartier général aux contestataires. Le lieu, qualifié par les enseignants grévistes de « dernier carré des libertés », accueille encore plusieurs dizaines de professeurs de lycées et de CEM ainsi que des instituteurs du primaire. La revendication comme nous l'avons rapportée dans une précédente édition demeure leur intégration dans le corps de la Fonction publique. Selon une source syndicale, ils seraient 40 000 contractuels à enseigner dans les trois paliers de l'éducation nationale. Cette frange importante de l'élite nationale s'interroge cependant sur le mutisme affiché jusque-là par le ministère de l'Education nationale. Pourquoi refuser l'intégration à des enseignants qui, plus est, occupent des postes vacants ? Laisser les choses en l'état, c'est-à-dire suspendre l'épée de Damoclès sur la tête de l'enseignant suppléant siginifie-t-il que l'école est appelée un jour à fermer ses portes ? Où sont les engagements pris par la tutelle, concernant justement la situation des enseignants contractuels ? Autant de questions auxquelles les contestataires n'arrivent pas à trouver réponse. En tout cas, la gronde a pris ces derniers jours de l'ampleur. Cela d'autant que des dizaines de diplômés de l'ENSET (Ecole normale supérieure de l'enseignement technique d'Oran) ont élu domicile devant la maison de la presse. « Vous, les gens de la presse, êtes notre ultime recours. Le ministère ne semble pas prêt à régler notre situation », tonnent ces professeurs de l'enseignement secondaire dont une majorité est en chômage. « Nous venons d'Oran, de Relizane, de Sidi Bel Abbès, de Tiaret, de Médéa et d'autres wilayas du pays. Nous sommes ici pour dénoncer un arbitraire sans précédent dans les annales du secteur », s'écrie Abdelouahab Sadoudi, le porte-parole du groupe. L'« arbitraire » dont il est question est que depuis 2004, les diplômés de l'ENSET d'Oran (une des plus grandes écoles d'Algérie, destinée à former des professeurs de l'enseignement secondaire) ne sont plus versés d'office en dépit d'un contrat signé par le futur professeur. Il faut souligner que sur chaque contrat signé sucessivement par l'ENSET et l'élève-professeur, il est clairement mentionné ceci : « A l'issue de sa formation, l'élève-professeur est tenu de rejoindre immédiatement le secteur de l'éducation nationale. » « Le meilleur d'entre nous occupe un poste de suppléant. Pourtant, nous avons été soumis à une formation de haut niveau. Nous avons la capacité d'enseigner aussi bien les matières techniques que les mathématiques où les sciences physiques », explique encore le délégué. Lors de la rentrée 2005-2006, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, avait déclaré à Blida que les besoins de son secteur étaient estimés à 10 712 postes budgétaires. Deux ans plus tard, le développement de la carte scolaire aidant, les mêmes besoins ont été revus à la hausse et seraient estimés, selon les spécialistes, à plus de 20 000 postes de titulaires permanents dans les trois paliers de l'éducation nationale.