Rencontré à l'occasion d'une récente visite à Alger, Jérôme Caby, directeur de l'Institut d'administration des entreprises de Paris (IAE-Panthéon-Sorbonne), en partenariat depuis bientôt cinq années avec le MDI-Alger, a bien voulu répondre aux questions relatives aux objectifs de ce fructueux partenariat destiné à la formation de top managers, aux premiers résultats de cette association et au rôle qu'elle compte jouer en faveur des pôles de compétitivité appelés à structurer prochainement l'économie algérienne. Commencez, si vous le voulez bien, par nous donner la raison d'être et les objectifs de l'Institut de formation de top managers que vous dirigez. L'IAE-Paris Sorbonne est la business school de la Sorbonne. Nous sommes une école de niveau graduel en ce sens que nous faisons essentiellement du master. Nous intervenons aux premiers stades de formation universitaire et nous sommes très spécialisés dans la formation continue des cadres dans le domaine spécifique qu'est le management des entreprises. Nous avons au total 1650 étudiants dont à peu près un tiers d'étudiants étrangers dans de nombreux pays puisque nous sommes implantés tout autour de la Méditerranée, mais également en Chine, au Vietnam et en Europe de l'Est. Notre développement à l'international est très rapide. La formation que nous dispensons en collaboration avec l'université Paris Dauphine est sanctionnée par un diplôme international (le MBA-AIP) qu'ont déjà commencé à obtenir des Algériens. A quand remonte votre implantation en Algérie ? Nous y sommes présents depuis bientôt cinq années avec l'appui de notre partenaire algérien le MDI-Alger. Grâce à ce partenariat, les cadres algériens peuvent aujourd'hui bénéficier de formations dans les trois versions de MBA (marketing, finances et ressources humaines) susceptibles d'aider à l'internationalisation de leurs entreprises. Combien de top managers avez-vous déjà formés en Algérie ? Les premières promotions comportaient à peine une quarantaine d'étudiants et nous sommes aujourd'hui à environ 200 avec un rythme annuel de formation de 60 à 80 étudiants par an. Il faudrait ajouter à cela les autres formations continues, mais non diplômantes. Nous avons déjà organisé des formations de ce type et nous ferons certainement plus à l'avenir avec le concours du MDI-Alger. La formation de MBA que vous dispensez ne tend-elle pas à être trop généraliste et bien souvent en décalage avec les préoccupations majeures et immédiates des entreprises algériennes ? Nos entreprises n'auraient-elles par exemple pas beaucoup plus besoin en financiers qu'en diplômés en marketing ? Sur les trois promotions de MBA que nous avons formées, deux d'entre elles ont, je pense, un coloration beaucoup plus financière que marketing. Il est vrai qu'il y a de grands besoins financiers et comptables, mais une entreprise est par définition une somme de fonctions et si vous en négligez une, celle-ci ne fonctionne pas. L'Algérie est à la veille d'importants redéploiements économiques avec notamment la création d'une douzaine de pôles de compétitivité avec de gros besoins en formation de top managers. Quelle contribution peut apporter votre institut à la prise en charge de cette importante demande de formation ? La notion de pôle de compétitivité renvoie à des spécialisations, chaque pôle devant utiliser des compétences de nature différente. Notre institut souhaite bien évidemment participer à ce mouvement avec le MDI-Alger, avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années. Toute action dont nous serons appelés à effectuer dans ce cadre se fera donc avec notre partenaire algérien. Des réflexions ont du reste commencé à être engagées pour définir le type de formations, pas nécessairement diplômantes, à engager dans le cadre des pôles de compétitivité, en ne perdant surtout pas de vue que ces espaces économiques ont certes besoin de top managers, mais aussi de formations intermédiaires, à défaut desquelles ils seraient voués à l'échec. C'est donc un partenariat plus large auquel devrait participer l'ensemble des universités et établissements d'enseignement supérieur français, qu'il faudrait d'ores et déjà envisager. Chacun des établissements dispensera l'enseignement pour lequel il s'est spécialisé, notre institut se réservant le domaine qu'il maîtrise le mieux, celui du management d'entreprises. Votre institut est-il réellement en mesure de faire face à une demande additionnelle en formations aussi importante ? Notre partenariat avec l'université Paris Dauphine nous permet déjà de faire beaucoup. Mais nous pouvons aller encore plus loin dans l'intégration d'autres établissements français, qui mettront à notre disposition les compétences nécessaires dans les diverses spécialités requises par les futurs pôles de compétitivité. Nous agirons comme un opérateur d'intégration de compétences appelées à assurer divers types de formation en faveur de ces pôles.