Trente-six femmes et huit hommes sont morts en 2007 du fait de la violence conjugale, selon des statistiques évoquées au cours d'un débat organisé hier au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine par l'unité de psychologie de l'établissement. Une communication présentée lors de cette rencontre fait état, par ailleurs, de 330 femmes qui se sont adressées cette année au service de médecine légale du CHU de Constantine, pour expertise, à la suite de violences conjugales. C'est dire, a estimé un praticien participant, « combien ce problème est sensible ». « Resté longtemps tabou, il commence à s'imposer comme une question cruciale qu'il importe de prendre à bras-le-corps. » La rencontre, qui a essayé de répertorier les causes et les symptômes annonciateurs de la violence conjugale, notamment envers la femme, a surtout eu le mérite, selon l'APS qui a rapporté l'information, de provoquer un débat, même restreint, sur ce sujet épineux. Des intervenants ont d'ailleurs suggéré de sortir ce genre de débats des cercles restreints des « convaincus » pour y convier des citoyens et des acteurs sociaux afin de sensibiliser la société de manière générale et les décideurs en particulier à ce mal social. Un phénomène qui, a-t-on encore souligné au cours de cette rencontre, devient d'autant plus critique que les médiateurs sociaux traditionnels, représentés par les sages de la grande famille, ont perdu leur rôle à la faveur de la naissance de la famille nucléaire, sans être remplacés par des formes modernes de médiation comme les cellules d'aide aux couples en difficulté et autres structures similaires. A signaler, par ailleurs, qu'une réflexion sur le principe de pénaliser les violences conjugales est actuellement engagée au plus haut niveau de l'Etat, dans le but de réduire les proportions atteintes par le phénomène. C'est ce qui était déjà ressorti des débats des deux journées du premier atelier local, tenu à Alger, en juillet 2006, sur la violence contre les femmes, organisé lundi et mardi à Alger par l'association Femmes en communication, avec l'aide du programme Karama (dignité), une ONG qui relève du mouvement international V-Day, créée en 1998 pour faire cesser la violence pratiquée contre les femmes et les jeunes filles. Le programme Karama œuvre pour établir des contacts entres les femmes arabes en faveur de la mise en place de réseaux nationaux, et sa première initiative fut la création d'un centre en Egypte dans l'attente de s'établir en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Algérie, au Maroc, au Soudan et en Tunisie. Lors des travaux, les participantes ont abordé la violence sous toutes ses formes.