L'annonce hier par Le Soir d'Algérie de l'arrestation de Maârouf Khaled, dit Abderrahmane, 28 ans et présenté comme le « cerveau » du double attentat kamikaze du 11 avril 2007, s'inscrit dans une ligne ascendante. Selon des informations de la presse, une bonne partie de la « matière grise » du GSPC ou d'Al Qaïda au Maghreb islamique a été éliminée. D'autres têtes de l'organisation se sont rendues aux services de sécurité, offrant une inestimable base de données. On pourra rappeler ici l'élimination de Sid Ali Rachid dit Ali Diss, présenté lui aussi en juillet 2007 comme le « cerveau » des attentats du 11 avril, ou encore Sadaoui Abdelhamid alias Abou El Haïthem, « trésorier du GSPC », Al Achaâchi, Saâyoud Samir, Djemaï Boualem et surtout Harig Zoheir, dit Redouane Fassila, émir de la zone Centre et qui, selon Le Soir d'Algérie, a été remplacé par un certain Touati. Sans oublier l'arrestation, annoncée en novembre 2007 sur les hauteurs d'Alger, de Bouderbala Fateh, dit Abdelfatah Abou Bassir, émir de la seriat d'Alger. Abou Bassir, selon les sources sécuritaires citées par l'APS, avait remplacé Bilal El Oulbani (Saïdi Ameur) qui s'était rendu aux services de sécurité. A citer aussi que le chef de la zone 9 du GSPC (Grand Sud), Ben Massoud Abdelkader, dit Abou Mossaâb, s'est rendu aux services de sécurité l'année écoulée, ce qui, selon des sources citées par la presse, renseigne sur l'état de désarroi des structures régionales de l'organisation terroriste. Mais les derniers attentats commis dans le centre du pays, notamment ceux ciblant, le 11 décembre 2007, le siège de l'ONU et le Conseil constitutionnel, poussent à s'interroger sur les dividendes des démantèlements qu'opèrent les services de sécurité. Selon des experts, les services de sécurité affrontent dans cette phase une double difficulté. D'abord, les mutations des modus operandi de l'organisation terroriste (recours aux kamikazes) rendent la tâche du dispositif de sécurité plus ardue. D'ailleurs, le GSPC complique la donne en se permettant le luxe de mettre en branle plusieurs réseaux urbains : à peine celui d'Abou Bassir tombé qu'un autre prend le relais pour commettre les attentats du 11 décembre. L'autre difficulté reste apparemment le déficit en coordination entre différents services de sécurité et/ou de renseignement. Selon Le Soir d'Algérie d'hier, ce sont des officiers des services de renseignement qui ont fait le déplacement de Boumerdès à Alger pour arrêter Maârouf Khaled. Pourquoi un tel déplacement alors que d'habitude ce type d'opération est mené par les éléments d'Alger ? Et surtout pourquoi on entend de moins en moins parler d'opérations combinées ? Les réseaux terroristes appliquent la pire des stratégies, le cloisonnement, le recrutement de personnes non fichées et le remplacement rapide des têtes de l'organigramme. Un défi majeur.