C'est un ouvrage qui fera date et servira longtemps de référence aux chercheurs appelés à plancher sur les mutations du champ des élites dans les sociétés algérienne et égyptienne, que vient de publier le Cread, en s'appuyant sur les actes du colloque « Elites et Société » qu'il avait organisé les 23, 24 et 25 mars 2002 à Timimoun, en association avec le centre de recherche égyptien (ARCAASD). L'ouvrage édité par Casbah-Editions est, nous dit on, déjà disponible au niveau des grandes librairies d'Alger. Au-delà de la fructueuse mise en commun des travaux portant sur la question très sensible des élites dans ces deux pays, l'ouvrage se distingue par la très haute qualité intellectuelle de certaines contributions judicieusement compilées et agencées par le sociologue Omar Lardjane, qui a assuré la coordination et la présentation des travaux du colloque de Timimoun. Les textes des sociologues Mustapha Haddab, Abdenasser Djabi, Mohamed Brahim Salhi, Ahmed Thabet, Ali El Kenz, Mustapha Madi, Izzat Khalil, Mohamed Hachmaoui, Mohamed Benguerna, pour ne citer que ces noms, ont le mérite d'ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur les champs algérien et égyptien des élites, qui semblent évoluer au gré des mêmes déterminismes sociopolitiques. L'analyse comparative des travaux exposés par les chercheurs égyptiens et algériens, relève en effet, bon nombre de similitudes entre les élites des deux pays. Les similitudes sont même troublantes, s'agissant des élites militaires, politiques, technocratiques et religieuses. Ces points communs seraient le fruit des évolutions sociopolitiques comparables subies par nos deux pays durant ces cinquante dernières années. La lecture du texte du professeur Mustapha Haddab est, de notre point de vue, incontournable pour toute personne qui veut cerner la problématique du champ algérien des élites, encore sous le choc de l'ouverture de 1988. Les élites politiques, économiques, syndicales, médiatiques et autres qui en ont émergé, en dépit de tous les obstacles, préfigurent déjà, à notre sens, l'Algérie de demain. Chacune des vingt-sept contributions contenues dans l'ouvrage mériterait en réalité d'être lue, pour pouvoir prétendre saisir le concept sociohistorique d'élite qui prend des visages différents au gré de l'évolution historique du monde, en général, et de la société, en particulier. C'est pourquoi, nous recommandons la lecture de cet ouvrage non seulement aux professionnels concernés, mais au public le plus large.