Le phénomène du squat de logement, consistant à occuper illégalement une habitation vacante, semble se généraliser dans toute la wilaya de Tizi Ouzou. Cela constitue un casse-tête insoluble pour les responsables des communes atteintes par ce nouveau phénomène. En effet, à l'instar de nombreuses localités de la wilaya, celle de Draâ El Mizan n'a pas pu échapper à cette réalité induite par le manque de logements. De ce fait, plus d'une centaine de logements sont actuellement squattés et ce, depuis 2001. Profitant de l'absence totale de l'Etat durant les événements tragiques du printemps noir, les citoyens n'ont pas hésité à défoncer les portes des appartements qui étaient prêts à être livrés. Créant en conséquence un sentiment d'indignation chez les bénéficiaires potentiels, qui ont préféré se soumettre à la procédure d'attribution de logement. Selon le premier responsable de cette commune, « ces logements ont été attribués en 2000 sur la base d'une liste des bénéficiaires établie par les services de la commune, puis transmise à la commission de la wilaya. Mais à ce jour, ladite commission n'a pas siégé pour l'établissement d'une liste définitive », affirme Hamou Didouche. Suite au squat intervenu durant les événements de 2001, l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de la wilaya de Tizi Ouzou a vite saisi la justice pour un dépôt de plainte contre les squatteurs ; mais le problème demeure toujours posé et les indus occupants ne semblent pas être inquiétés. Pourtant, le verdict de la justice était clair : évacuation immédiate des lieux. Mais cette décision n'a pas été appliquée. Cependant, notre interlocuteur déclare avoir intervenu pour trouver une issue favorable à toutes les parties. « Nous avons demandé une autre solution. Pour cela, des propositions ont été formulées dans ce sens, à savoir entre autres, l'établissement d'une nouvelle liste parmi les squatteurs ou tout simplement refaire tout à zéro », estime-t-il. Car, pour ce P/APC, si on venait à expulser ces citoyens habitant les logements en question depuis plus de six ans, ils vont demander conséquemment une prise en charge par la commune. « Ce que nous ne sommes pas en mesure d'assurer », ajoute-t-il. En dépit de toutes ses démarches, l'administration de la wilaya ne s'est pas encore prononcée. Du côté des squatteurs, c'est le désarroi total. « Je n'ai rien à me reprocher et j'ai squatté comme tout le monde. Celui qui n'a pas de toit pour abriter ses enfants, l'a fait », nous rétorque l'un des squatteurs de la cité des Abattoirs. Mais ce citoyen ne cache pas pour autant ses inquiétudes si demain on venait les expulser. « Mes enfants seront jetés à la rue ! », déclare-t-il. Les conditions sociales trop dures, l'absence de logements pour abriter des familles souvent nombreuses, et l'incapacité incontestable des pouvoirs publics à répondre favorablement à la demande accrue de la population locale en matière d'habitation, tout cela a poussé les citoyens à se débrouiller eux-mêmes afin de se loger.