Pour prétendre à cette aide, le postulant doit réaliser une partie de la construction avec ses propres moyens financiers. Parmi les formules lancées par l'Etat afin de faciliter l'accès au logement, les populations rurales manifestent une nette préférence pour l'aide à l'autoconstruction. Cette propension trouve son explication dans des considérations sociologiques inhérentes à la région. Les raisons d'ordre économique relatives aux moyens des ménages, viennent vraisemblablement en seconde position. Cependant, après des années d'application de ladite formule sur le terrain, cet engouement se voit contrarié par plusieurs contraintes administratives et techniques. Celles-ci constituant des obstacles de diverses natures, se traduiront par quelque 3600 aides en souffrance à travers les 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, près d'une décennie après le lancement de ces formules, des indices commencent à apparaître au grand jour. Les données concernant les préférences des populations pourraient ainsi servir d'instrument aux services concernés afin de rationaliser les dépenses et minimiser par voie de fait les délais de réalisation des chantiers. Aujourd'hui, plusieurs communes ayant bénéficié de logements sociaux font face à un nouveau phénomène éminemment révélateur. Les familles bénéficiaires abandonnent en masse leurs logements préférant retourner dans les villages. Questionnés, de nombreux bénéficiaires soulèvent les questions liées à l'insécurité qui règne dans ces bâtiments érigés en cités populaires. Les habitations familiales, même vieilles et exiguës, assurent mieux l'éducation des enfants dans leur milieu naturel. Tous n'hésitent pas à manifester leur préférence pour la formule d'aide à l'autoconstruction. Ce phénomène, qui prend de l'ampleur et qui laisse vacants des milliers de logements sociaux, appelle, par voie de conséquence l'intervention de sociologues, de paysagistes, d'architectes et autres spécialistes, dans les projets des services de l'habitat. Parallèlement à cette tendance à fuir les logements sociaux, les populations rurales bénéficiaires des aides à l'autoconstruction rencontrent diverses contraintes d'ordre administratif et technique Les péripéties bureaucratiques dans l'octroi de l'aide évaluée à 700.000 dinars, découragent plus d'un. Ce labyrinthe, longtemps décrié par les postulants, n'a pas été allégé. Bien au contraire, une autre difficulté est venue anéantir tous les espoirs suscités par cette formule qui a permis à des milliers de familles de se débarrasser de la contrainte du logement. Pour prétendre à cette enveloppe, le postulant doit réaliser une partie de la construction avec ses propres moyens financiers. Ne se décourageant pas, celui-ci a recours à l'endettement avant de percevoir la première tranche. A présent, malgré des efforts consentis par les familles, beaucoup d'entre elles ont fini par baisser les bras et se désister. Cette situation, pourtant inquiétante, ne semble pas préoccuper les services concernés. Les élus, de leur côté, passifs, observent les logements sociaux se vider tout près des chefs-lieux de leurs communes. Par contre, les spécialistes indépendants de l'urbanisme lancent un appel pressant pour que les pouvoirs publics se penchent sur ces questions pressantes. Selon ces derniers, ces données pourraient fausser tous les calculs et les attentes quant à la perspective de réaliser le programme des 800.000 logements dans la wilaya de Tizi Ouzou.