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Evocation-Sadek Aïssat : De El Anka à Brando
Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2008

Trois ans après sa disparition continuent de résonner les accents de ce maître-nageur de l'écriture. Le 6 janvier 2005, la nouvelle de la mort de Sadek Aïssat nous a bouleversés. Trois ans sont passés.
La mort de Sadek était-elle la mort d'une idée que nous avons de l'Algérie ? Du monde ? Ou de la vie tout simplement ? Etait-ce la mort de la fraternité ? Ou alors sommes-nous bouleversés tout simplement de la perte d'un homme, un ami. Un poète ? En attendant la publication de ses chroniques qu'il signait chaque jeudi dans Le Matin, nous nous consolons et nous gardons toujours dans notre esprit sa présence sensible en le lisant et le relisant. De son dernier ouvrage, chez Barzakh, Sadek était surtout heureux que le livre coûte 300 dinars et par conséquent abordable par rapport aux livres publiés en France et vendus en Algérie. Parce qu'avant tout, Sadek était un fils de l'Algérie profonde, l'Algérie qui pleure avec les pauvres tout en affichant la dignité des rois. L'Algérien, tel que défini par Sadek Aïssat, n'est-il pas celui qui préfère que la balle cogne sur la barre plutôt qu'elle marque un but ? En relisant son roman Je fais comme fais dans la mer le nageur, nous redécouvrons deux critiques d'art dans le même chapitre. Il faut signaler que —et surtout comme Sadek —, le livre est généreux de culture. Ces deux critiques portent sur deux grands artistes du XXe siècle : Mohamed El Anka et Marlon Brando. D'abord à propos de Marlon Brando : « Je me souviens de la dernière image du film. Emiliano Zapata –Marlon Brando, je crois – trahi, attiré dans un traquenard, était criblé de balles. Son corps tressautait dans la poussière blanche, rassemblant ses membres, le rebelle avait retrouvé la position du fœtus, la tête dans les mains, pour se protéger du feu des mitrailleuses. Ça avait duré longtemps. Bien après qu'il fût mort, l'impact des balles le faisait tressaillir encore. Sur les remparts du fortin, les soldats de l'armée gouvernementale mexicaine habillés de treillis blanc sale, avec leurs fusils et leurs mitrailleuses, m'avaient fait songer à une nuée de corbeaux chenus. » Cette séquence de Viva Zapata, film né à la même année que Sadek (1953), est très présente dans la conscience politique des jeunes Algériens d'avant-1954. Un ami, fin observateur, nous a rappelé dernièrement que ce film avait encouragé quelques Algériens cinéphiles à faire la révolution. Nous pensons naturellement au chef de la Zone autonome d'Alger, Yacef Saâdi, qui a fait du cinéma une fois l'indépendance acquise. Nous nous permettons de rappeler, que ce n'est pas la dernière scène du film puisqu'à la fin, le compagnon d'armes de Zapata rassemble quelques hommes pour leur dire ce que nous pourrions dire aujourd'hui de Sadek « Ils ne le tueront jamais ? ». « Alors où est-il ? ». « Il est dans les montagnes. On ne l'y retrouverait pas ; mais si nous avons besoin de lui un jour, il y reviendra » Le texte à propos d'El Anka est un texte emblématique de l'art et de la personnalité de Sadek. Profondément humain, enraciné dans son temps, cultivé, l'écrivain a invité des grands noms de la musique dans son entreprise périlleuse pour essayer d'expliquer la musique d'El Anka. Pour cela, il avait mis plus que du cœur, il a mis ses tripes. Parce que Sadek Aïssat était de cette espèce d'auteurs rarissime qui n'écrivait ni avec sa tête ni avec son cœur mais avec son ventre. C'est pourquoi nous espérons que l'école algérienne retienne un tel texte puisque, déjà, dans les nouveaux manuels scolaires algériens, il existe des textes sur les Beatles ou Bob Marley… Dans le livre, le personnage D. Z tente d'expliquer la musique d'El Anka à Sien, une exilée comme lui : « J'ai longuement parlé d'El Anka à Sien, en empruntant les chemins de traverse des écoliers fugueurs, étourdis par le soleil, qui se perdent en bord de mer dans les fourrées des pinèdes de leur enfance. Je lui ai parlé du blues et du jazz, des chants des esclaves dans les champs de coton sur les rives du Mississippi, et des Gnawa, du bruissement de l'eau dans les rigoles et les vasques des jardins d'Andalousie. Puis il me semble avoir tout mélangé. Le déhanchement lent et monotone des chamelles sur les dunes de sable, le banjo que des musiciens algériens affolent, Django Reinhardt, Dizzie Gillespie, Jef Sicard, Carlos Gardel… J'ai parlé de l'âme, je crois avoir dit que la musique ce n'est pas forcément une suite d'harmonies plus ou moins raffinées et compliquées, mais une âme qui entre dans ton âme et dans ton corps. C'est bien cela… L'âme… Comment dire… c'est monotone, et dans cette monotonie il y a des nuances, des subtilités, des inflexions, des syncopes qui te font mourir… Ce n'est pas compliqué, c'est simple, mais c'est comme si on avait besoin, pour retrouver les choses simples, de les compliquer. Il n'est pas compliqué de sentir. Il est difficile de dire, tout a fait comme pour ce qui relève de l'amour et du désir. La musique est-elle autre chose que de l'amour et du désir ?… le cœur est capable de tous les émois, mais la musique d'El Anka est au-delà de l'émotion. Il est le phénix Cardinal qui possède l'instinct du temps, le génie du ton. Au fond, je n'ai pas su expliquer El Anka à Sien, peut-être que cela ne s'explique pas, que cela fait partie des choses qui sourdent dans le sang et remontent à la surface quand une palpitation obscure nous étreint dans le silence de son vibrato, sans qu'on sache ce qu'est au juste. » A bientôt l'ami… parce que, comme tu viens de le dire, parfois nos têtes cognent fort à cause de la violence des flots. Il n'y a que la douceur du sahli et du djarka pour les appesantir.

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