L e lancement du programme national de l'implant cochléaire a permis à plus d'une centaine d'enfants de sortir de la solitude qui ronge leur vie. Plusieurs enfants ont été pris en charge dans les différentes structures publiques. Zoom sur le CHU de Kouba qui a réussi l'exploit en réalisant 45 opérations durant l'année 2007. Une prévision programmée par l'équipe et à sa tête le professeur Yahi Aït Mesbah, chef de service ORL à l'hôpital. Après avoir fait son baptême du feu le 19 mars 2007, l'équipe médicale n'a ménagé aucun effort pour arriver à son objectif, celui de rendre à des enfants venus des quatre coins du pays une vie plus facile. « Des enfants qui sont aujourd'hui comme tous les autres. Ils arrivent à prononcer des mots, dont celui de ‘‘maman'' et percevoir des sons. C'est extraordinaire », nous dit fièrement le professeur Yahi en consultant une enfant de quatre ans venue de Oued Souf. Pour elle et son équipe, ces opérations, qui sont devenues aujourd'hui un acte anodin, ont permis à 45 enfants de retrouver la joie de vivre et d'évoluer normalement. Lors de notre entretien, elle n'a pas cessé de citer le nom d'une petite fille prise en charge dans son service et qu'elle nous a montrée sur une vidéo lors d'une séance de rééducation orthophonique. « Elle a vite évolué. Et, aujourd'hui, elle a commencé à parler et à entendre. Regardez comment elle est belle », a-t-elle commenté. Le professeur Yahi compte beaucoup sur la volonté des parents à accompagner et à aider leurs enfants à mieux évoluer. « Un tel appareillage demande une forte implication des parents et un suivi orthophonique pendant les deux premières années au moins. Il s'agit de rattraper un retard chez ces enfants. Un enfant opéré à 18 mois, c'est 18 mois qu'il faut récupérer et c'est la même chose lorsqu'un enfant est pris en charge à cinq ans. La rééducation est une étape aussi importante dans la prise en charge puisque le succès de cette technique dépend à 80% du suivi rigoureux des séances de rééducation orthophonique », nous a-t-elle expliqué, en précisant que deux enfants sont aujourd'hui scolarisés dans une école normale. « Le progrès a été rapide chez eux. » Pour le professeur Yahi, les résultats réalisés sont l'œuvre d'une équipe algéro-algérienne et pour elle ceci est très important. C'est cette même équipe composée de médecins orl pour l'exploration de l'audition, cinq chirurgiens, cinq orthophonistes pour la rééducation et deux généralistes qui assurent les systèmes de réglage appuyés par des spécialistes étrangers, qui assurent le suivi de ces enfants. L'unité d'implantologie est aussi dotée d'un appareillage sophistiqué qui permettra de bien mener l'exploration. Le professeur Yahi a tenu à préciser que plus l'implantation est précoce chez l'enfant, avant 18 mois, et meilleurs seront les résultats. Dépistage précoce à la néonatologie Un travail de dépistage des bébés à risques, a-t-elle ajouté, a d'ailleurs commencé au niveau du service de néonatologie de l'hôpital pour pouvoir les prendre en charge précocement. Seront concernées toutes les naissances compliquées.Une nouvelle liste d'enfants souffrant de surdité est aussi en attente. Elle sera progressivement, d'après le professeur Yahi, épurée selon la disponibilité des implants dont le coût est estimé à 20 millions de dinars l'implant. Ainsi, pratiquement, la pose de cet appareil commence par l'implantation d'un porte-électrodes (une vingtaine) dans l'oreille interne, d'une antenne et d'un stimulateur dans le cuir chevelu, un microphone porté à l'extérieur, en contour d'oreilles, relié à ce système pour capter les sons et les transmettre directement au nerf auditif. L'intervention dure près de deux heures, sous anesthésie générale. Un mois après l'intervention chirurgicale, une phase de réglage et de rééducation avec des orthophonistes est assurée au niveau de l'hôpital. A noter que près de 70 000 cas de surdités sont diagnostiqués en Algérie ; 400 demeurent sourds profonds chaque année, dont 60 le sont à la naissance.