La crise qui secoue l'université de Béjaïa depuis plus d'un mois perdure dangereusement. Hier, un début d'échauffourées vite circonscrit a éclaté aux alentours du siège de la wilaya après l'intervention d'une brigade antiémeute, en fin de journée, pour faire face à un groupe de jeunes usant de jets de pierre. Un mouvement de panique s'est emparé des riverains et des automobilistes qui se sont mêlés dans un sauve-qui-peut au moment où des commerces ont dû baisser rideau. Les incidents se sont avérés être un prolongement de l'action de protestation qui a amené quelques dizaines d'étudiants au sortir d'une assemblée générale au campus de Targa Ouzemmour à marcher, aux environs de 13h, vers les Quatre chemins où ils entendaient y observer un sit-in, comme déjà fait, pour bloquer la circulation. Les marcheurs ont été devancés par les forces antiémeute qui ont réussi à les confiner au niveau d'une rue adjacente. Quelques pics de tension plus tard, les protestataires ont décidé d'aller continuer leur sit-in devant le siège de la wilaya qu'ils ont essayé d'atteindre dans une marche stoppée net par la police, quelques dizaines de mètres plus loin, au rond point Dawadji où était stationné un fourgon des CNS. Un représentant de la coordination des étudiants qui dénonçait hier les intimidations du service d'ordre avouait avoir des difficultés à maîtriser la foule. « Des intrus essayent de nuire à notre mouvement et certaines parties poussent à son étouffement », nous dit-il. Pendant les trois derniers jours de la semaine écoulée, quelques dizaines d'étudiants observaient des sit-in devant l'entrée du siège de la wilaya pour rappeler aux pouvoirs publics la situation dans laquelle se trouve l'université, notamment les œuvres universitaires. Alors que l'on s'attendait à un regain de sérénité avec la désignation d'un nouveau directeur des œuvres universitaires (DOU), la situation semble échapper à l'administration locale qui curieusement laisse perdurer la crise et continuer la paralysie de l'université.