Quelques localités, notamment, celles de la zone est et nord-est de la wilaya ont suivi le mot d'ordre de grève de la Cadc. Ces localités ont également enregistré des échauffourées avec les groupes du GIR de la gendarmerie. On signale, selon des éléments de la Cadc, près de 160 blessés. Alors que pratiquement la zone sud de la wilaya, comme Ouadhias, Boghni, Draâ El-Mizan, Tizi Ghennif ou encore les cités du massif central kabyle à l'image de Draâ Ben-Khedda, Tadmaït, Tirmitine, Maâtkas ont vaqué, le plus normalement du monde, à leurs occupations, les populations donnaient l'impression d'attendre ce qu'allait annoncer le Chef du gouvernement. Une folle rumeur circule dans toute la Kabylie selon laquelle Benflis allait annoncer la consécration de tamazight langue nationale et officielle. Les cités de Fréha, Azazga, Beni Douala, Irdjen, Aïn-El-Hammam, Makouda, Boudjima et Tizi Ouzou ont respecté, jeudi, à partir de midi, la grève et connu des échauffourées. A Azazga, c'est un groupe de jeunes qui a échangé des pierres contre des lacrymogènes avec la gendarmerie. La Cadc de Tizi Ouzou signale un blessé par balle en caoutchouc. A Beni Douala, toujours selon la même source, on a enregistré 2 blessés, dont l'un grièvement atteint, a été transféré vers Alger. A Larbaâ Nath-Irathen, alors qu'un délégué, M.Mammeri Boukhalfa ne signale que «le respect de deux heures de grève par les commerçants», d'autres sources affirment que des jeunes, une centaine selon les uns, deux dizaines selon d'autres, ont pris à partie la brigade de gendarmerie locale jets de pierres et autres projectiles, comme ils s'en étaient pris au portail de la brigade. Des adultes ont dispersé, par la suite, les jeunes «émeutiers». Plus bas, à Irdjen, les groupes de jeunes se sont attaqués à la brigade de gendarmerie. La même scène est vécue à Aïn El-Hammam. A Fréha, les «émeutes» ont atteint leur paroxysme, alors qu'à Tizi-Rached, un groupe de jeunes s'est attaqué à la brigade. Des sources divergentes font état, pour les uns de 2 blessés, alors que pour les autres «les gendarmes n'ayant pas répliqué, les manifestants se seraient dispersés». La ville de Tizi Ouzou a, en revanche, connu des heures relativement «chaudes». Jeudi, à midi, l'avenue principale, jouxtant la gendarmerie et le quartier Bouaziz, a été le théâtre d'échauffourées. Tout a commencé vers 12h30, quand un groupe de jeunes, encadrés par quelques «adultes» a commencé par «lapider» le groupement de la gendarmerie. Aux pierres ont très vite succédé les cocktails Molotov. La réplique des Groupes d'intervention rapide «GIR» a été immédiate. Sortis dans la rue, les gendarmes ont utilisé des grenades lacrymogènes et souvent poursuivi les jeunes jusque dans les cages d'immeubles. Le face-à-face a fait craindre le pire. Les forces antiémeutes de la police, les URS, ont rejoint les lieux. Il a fallu attendre pratiquement l'heure de la rupture du jeûne pour que Tizi Ouzou connaisse un semblant d'accalmie. Vers 20h, les choses reprennent comme si les deux parties s'étaient donné rendez-vous. Selon la Cadc, des éléments du GIR sont allés jusqu'à la permanence, située au théâtre Kateb-Yacine et à la stèle érigée à la cité du 20-Août pour enlever les banderoles, certains vont même jusqu'à dire que «la volonté était de brûler toutes les banderoles et de lacérer les photos des victimes». Vers 4h, une rumeur faisant état de la présence d'une équipe de l'Entv, dans les locaux de la Sonelgaz, au centre-ville a vite fait réagir les jeunes, lesquels ont fini par se disperser. Hier, la Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou a rendu publique une déclaration dans laquelle elle s'en prenait aux «délégués usurpateurs, opportunistes et sans scrupules», visant ceux ayant répondu à l'invitation du Chef du gouvernement. La déclaration de la Cadc se félicite de «l'opération grève, selon elle, suivie à 100%, et déplore deux blessés au visage par balle en caoutchouc. La permanence de wilaya, la stèle érigée à la mémoire des victimes et certains magasins n'ont pas échappé à la «haine» des éléments des services de sécurité...». Encore une fois, une fois de plus, la Kabylie, en certains de ses endroits, a eu mal. Faut-il perdre espoir et ne voir en l'avenir que «la reprise des émeutes»? La sagesse est-elle interdite de cité en cette région? Faut-il absolument que la région paye encore. Il est préférable de croire fortement que non! Et d'espérer en l'avenir, de faire le voeu que les hommes finissent par choisir la voie de la raison.