Le rideau est tombé, dimanche dernier, sur la 8è édition du Festival du film amazigh, qui s'est déroulé du 09 au 13 du mois en cours dans la capitale des Hauts-Plateaux, Sétif.Les organisateurs ont, comme à chaque fin d'édition, annoncé la tenue de ce prochain rendez-vous itinérant dans la ville de Sidi Bel Abbès. Plus d'une vingtaine de films dont quelques-uns signés par des Marocains étaient en lice pour l'Olivier d'or, suprême distinction d'une valeur de 400.000 DA qui a été raflé par le marocain Yacine Fennan pour son long métrage, Squelette. Le Prix du meilleur court métrage d'une valeur de 200.000DA a été décerné à Yacine Belhadj pour son Eclipse totale alors que le Prix spécial du jury est allé sans surprise aucune à Ali Mouzaoui pour son long métrage, Mimazrane. Pour le récent film de Bendeddouche, Areki, l'indigène point de distinction sauf un Prix d'interprétation masculine revenu au comédien Aït Ali Belkacem. Le jury, que préside le cinéaste Belkacem Hadjadj, auteur de Machaho, n'a pas jugé utile de décerner le Prix d'interprétation féminine. Ce festival qui gagne de plus en plus en professionnalisme a, en plus de la projection des films, ouvert des ateliers pour encourager les jeunes dans la production cinématographique, et à ce titre, deux projets de scénarios parmi les 6 proposés au cours de cet événement ont été retenus. Les deux scénaristes en herbe bénéficieront d'une bourse offerte par l'ambassade de France en Algérie, afin de participer au plus grand festival du cinéma au monde, Cannes 2008. “Nous n'avons aucune difficulté pour établir le palmarès, nous n'avons même pas eu recours au vote ” a expliqué Belkacem Hadjadj après l'annonce du palmarès. Il paraissait paradoxal à certains festivaliers de voir un rendez- vous cinématographique, qui gagne en opulence et en professionnalisme, s'établir dans une ville où il n'existe pas de salle de cinéma. C'était la Maison de la culture, unique espace culturel de Sétif, qui abritait la totalité des projections qui avaient lieu jusqu'à tard dans la nuit. Un monde fou est allé à la rencontre de plusieurs projections altérées par des cris volcaniques, des sonneries de portables, des va-et-vient incessants et surtout des applaudissements sans aucune mesure. Cela dénote d'un manque flagrant de certaines habitudes d'ordre civique pour se rendre au théâtre. Parfois, il était devenu même insoutenable de suivre la trame d'un film sous les sons bruyants d'une assistance en perpétuelle effervescence. Le Festival du film amazigh n'était pas seulement une rencontre du 7è art, mais aussi une manifestation qui a englobé des conférences, des débats, des ateliers, des travaux …relatifs au cinéma bien sûr et à la communication surtout. C'est ainsi que le colloque “Image et mémoire” où l'événement révolutionnaire de la région de Sétif a été traité par des personnalités connus, à l'image de Ali Haroune et Louiza Ighil-Ahriz… Jeune soit-il, ce festival qui a mis cette année à l'honneur, la Suisse avec de nombreuses projections, aura prouvé qu'il y a un véritable intérêt de la part de certains cinéastes à produire des films dans toutes les variantes de la langue berbère. Il y'a fort à parier que si cette cadence de la production de films amazighs se maintiendrait, on parlera dans peu de temps d'un véritable courant cinématographique.