Après 5 jours non-stop de festival, durant lesquels la capitale de la Mekerra a été le théâtre d'une manifestation culturelle cinématographique, la 9e édition du Festival international annuel du film festival amazigh a livré son épilogue, jeudi dernier dans la soirée à la salle de l'auditorium du rectorat de l'université Djillali-Liabès et ce, dans une ambiance de fête. Cette manifestation, il faut bien le préciser, a été l'occasion pour les cinéphiles locaux et les étudiants de retrouver le 7e art, absent depuis des années et de découvrir le cinéma amazigh “doté d'une incommensurable richesse” et qui s'est distingué par une absence très remarquée des intellectuels et autres universitaires. En effet, malgré quelques imperfections et quelques défaillances dans l'organisation et la programmation des projections, des débats et des tables rondes tout le long du déroulement du festival, les organisateurs ont vu les choses en grand et se sont rattrapés lors de cette soirée de clôture qui s'est illustrée par un programme riche et varié en présence du wali, des autorités locales, en l'absence de la ministre de la Culture qui a été représentée par Ahmed Bedjaoui. À tel point que tout le monde était unanime pour l'évoquer et surtout cet engouement du public qu'il a suscité, tant ce genre de rendez-vous est l'apanage des grandes métropoles. Donc, si réussite il y a, le mérite revient en premier lieu aux organisateurs, au service d'ordre, à l'APC, l'APW et la wilaya qui n'ont pas lésiné sur les moyens. Côté spectacle, la soirée a débuté par l'hymne national, une minute de silence à la mémoire des martyrs de Gaza en guise de solidarité avec le peuple palestinien, la présentation d'une fresque de la fraternité réalisée par les étudiants des beaux-arts de Sidi Bel-Abbès, suivie d'un spot du festival sur écran puis une détente avec Slimane Benharrat. Après cela, ce fut le tour des délibérations du concours de scénarii qui consiste en deux bourses d'écritures à décerner aux lauréats grâce au soutien de l'ambassade de France en Algérie et qui ont été attribuées à Ahcène Saïd pour son scénario Harragas et à Djebbour Abdelmajid pour le Rêve mortel. La place a été par la suite cédée à la remise des prix aux Iraniens, invités d'honneur sur un fond musical perse, à Rachid Boukessim, président du festival Isni Ouragh du Maroc, à Jean-Pierre Garcia, président du Festival du film international d'Amiens. La deuxième partie de la soirée a vu la projection sur deux grands écrans, une évasion musicale de la vedette du World Music Safy Boutella, un des invités d'honneur du festival présent dans la salle et membre du jury qui a épaté le public par ses tubes tirés de son album la Toupie, notamment Murka, Khmous Alik, Sud, et Chebba avec Khaled qui avec cette chanson rythmée a endiablé et fait vibrer un public composé essentiellement de jeunes et ce, au milieu des youyous qui fusaient de partout. Aux environs de 23h, ce fut au tour des différentes allocutions faites par les responsables de la manifestation, le représentant de madame la ministre de la Culture et le wali qui ont rendu hommage à tous ceux qui ont participé et qui participent encore au développement et à la promotion du septième art en Algérie, et plus particulièrement le cinéma amazigh. Avant de prendre congé pour laisser place à la lecture des délibérations et la remise des trophées, le président du jury, le cinéaste Ali Mouzaoui, a prononcé un discours pour remercier les organisateurs, les festivaliers, les autorités de la wilaya et le public bélabésien pour la réussite de cette édition. Ainsi, l'Olivier d'or du meilleur court-métrage d'un montant de 100.000 DA a été attribué à Alaoui Amharzi pour son film Izorane et ce, pour sa force poétique et sa valeur esthétique. Ce film muet est la preuve que le film amazigh n'est pas dans l'usage de la langue seulement, mais dans son fond patrimonial millénaire de Tamazgha. Le prix du meilleur film d'animation d'un montant de 150 000 DA a été accordé à Ifaz Matoub pour son film Trésor d'une autre planète pour sa valeur plastique alliant imaginaire et procédé technologique. La thématique du film consiste en la préoccupation d'extraterrestres qui viennent dérober le trésor de la terre très convoité dans l'univers… Concernant le prix du meilleur film documentaire d'une enveloppe de 250 000 DA, il a été attribué à Rabah Bouberas pour son film le Pays de la montagne Thamourth Idhourar qui fait la jonction entre deux espaces : la Suisse et la Kabylie par l'usage de la montagne et la poésie de l'image. Le symbole de la montagne comme permanence, la qualité de l'image, la recharge de la cible relève la valeur du film. C'est la perception du regard poétique. Le prix spécial du jury de 200.000 DA a été attribué à la belle œuvre le Tour d'argent de Hafid Aït Braham pour son approche rappelant le genre burlesque et son esprit ingénieux qui avec des moyens modestes a su séduire le public. Quant au prix spécial du jury pour la musique de 150 000 DA, il a été décerné à Abdellah Labdaoui pour son long-métrage Khoya Tarek qui s'est distingué par un travail de composition musicale complexe et bien élaboré dans un film alliant le patrimoine à l'universel. Cependant, la grande surprise de ce festival fut lorsque le présentateur a annoncé la non-attribution du Grand Prix du festival et ce, en déclarant : “Le jury s'est abstenu d'attribuer le Grand Prix du festival par souci de maintenir un niveau de qualité professionnelle assurant la crédibilité du festival du film amazigh”. Sur ce, le rideau est tombé en donnant rendez-vous pour 2010 à Tamanrasset. A. BOUSMAHA