Sujet tabou en Algérie, où des mesures coercitives sont appliquées contre les personnes qui le pratiquent, l'avortement provoqué a fait, hier, l'objet d'une rencontre régionale, organisée par l'association algérienne pour la planification familiale (AAPF), au niveau du centre national de formation du personnel pour handicapés (CNFPH) de Constantine. Une rencontre visant à sensibiliser les femmes, notamment au sujet des risques que celles-ci encourent en avortant dans la clandestinité, et qui suscite, par ailleurs, une « réaction » de la part des autorités centrales en vue de trouver une solution efficiente à ce que des intervenants ont qualifié de « drame medico- psychosocial ». De l'avis de Mme Berdjem, membre du bureau national de l'association, si une femme est contrainte à avorter, elle doit se rendre dans un milieu assisté, car « c'est plus sûr, afin d'éviter les complications induites par un avortement provoqué ». Pour ce faire, il s'agit, estiment les participants à cette journée, de sensibiliser les filles dès la puberté. Dans une communication définissant l'avortement à risque, autrement dit provoqué, le Pr. Bouaroudj, médecin à la maternité de Sidi Mabrouk, a mis l'accent sur la dangerosité de ce type d'avortement à cause, notamment, des moyens utilisés, qu'ils soient médicamenteux ou instrumentaux. Selon cet orateur, « il n'y a aucun produit abortif. Ce n'est même pas la peine d'essayer, c'est beaucoup plus toxique pour l'organisme ». L'utilisation d'instruments, quant à elle, peut entraîner la mort subite, une hémorragie, une infection ou carrément la stérilité de la personne ayant eut recours à un avortement provoqué. La contraception reste, de l'avis du Pr. Bouaroudj, « la meilleure prévention afin de se préserver justement des grossesses indésirables ». Second à intervenir, le Pr. Kherbache a abordé, quant à lui, les complications et la mortalité maternelle liées à l'avortement à risque. D'emblée, il a déploré l'absence de statistiques susceptibles de donner à l'assistance une idée précise du nombre d'avortements provoqués, parce que « les femmes qui viennent, par la suite, en consultation ne veulent pas reconnaître que leur avortement a été provoqué, elles affirment généralement qu'il est intervenu de manière spontanée ». L'aspect psychologique de ce problème a, par ailleurs, été évoqué par des psychologues du CHU Benbadis de Constantine, qui ont relevé l'absence de prise en charge de la souffrance psychique des femmes ayant eu recours à cette pratique, « alors qu'une psychothérapie est indispensable ». Cela étant, outre le volet médical et psychologique de l'avortement, le comité de la wilaya de Constantine de l'AAPF avait également prévu une approche théologique, qui devait être développée par un représentant des affaires religieuses, mais ce dernier a fait, hélas, défection.