Les professionnels de l'aviculture n'en finissent pas de tirer la sonnette d'alarme. L'association interprofessionnelle des productions animales (IAPA) est née dans l'urgence, jeudi dernier à Oran. C'est que la situation de la filière est tout simplement catastrophique. Dans un rapport adressé au gouvernement, cette organisation interprofessionnelle, qui juge "impérieux d'agir en faveur de la filière avicole", réclame des mesures d'urgence. Oran : De notre bureau Se revendiquant comme "fédératrice" des acteurs de la chaîne des productions animales, cette association regroupe des éleveurs issus des quatre coins du pays, des fabricants des aliments pour bétail, à l'image de son président, Rachid Kharbouche, des conditionneurs de complexes minéralo-vitaminés destinés à l'alimentation animale, des importateurs de céréales et oléagineux destinés à la fabrication des aliments pour le bétail, ainsi que les distributeurs de médicaments vétérinaires. Elle compte aussi des experts en production et santé animales à l'image du Dr Nasser-Eddine Assal, expert en nutrition animale. A l'issue d'une assise constitutive, cette nouvelle association interprofessionnelle annonce déjà la couleur en interpellant "le gouvernement à consacrer dans la future loi de finances complémentaire 2008 l'alignement des droits de douane de toutes les matières premières à 5%." Elle plaide de même pour la réduction de la TVA “de 17 à 7% aussi bien pour les matières premières que pour les aliments composés, afin de sauver les petits éleveurs de la faillite". Il faut savoir que la TVA et les droits de douane applicables aux tourteaux de tournesol, d'arachide et de coton sont respectivement à 17 et 30 % actuellement. Ces professionnels appellent ainsi l'Etat à "prendre des mesures d'urgence pour faire face à une conjoncture des plus difficiles, marquée par la flambée vertigineuse des cours mondiaux des céréales et des oléagineux entrant dans la fabrication de l'aliment du bétail, qui vont se répercuter sur les coûts des productions animales". Des emplois à sauver Le prix du maïs, par exemple, a subi une hausse de 72 % entre janvier et décembre 2007. Ce qui n'était pas sans induire une hausse des prix des viandes blanches sur les étals. Le gouvernement est ainsi interpellé pour prendre des mesures d'urgence pour sauver ce qui reste des emplois dans le secteur de l'élevage. L'aviculture fait vivre 400 000 familles en Algérie. L'IAPA, qui dit "craindre l'effondrement de la filière des productions animales, souligne dans son rapport que "le Maroc et la Tunisie ont déjà pris des mesures en réduisant les droits et taxes sur les matières premières entrant dans l'aliment de volaille, ce qui a pour conséquence la réduction du coût de production du poulet". Il faut savoir que la filière volaille algérienne importe 1,2 million de tonnes de maïs et 800 000 tonnes de tourteaux de soja. Une facture qui s'élève à pas moins de 30 milliards DA et qui est appelée à s'alourdir davantage vu l'évolution du marché mondial. Menace immédiate pour la filière : la perspective de l'importation directe des viandes blanches des pays à coûts de production extrêmement faibles, à l'image du Brésil où le kilo de poulet est produit à raison de l'équivalent de 30 dinars. Il faut dire que ces mesures dites "d'urgence" ne sont qu'un traitement symptomatique de la crise. A long terme, les professionnels de l'élevage insistent sur la nécessité de mettre le cap sur l'incontournable céréaliculture. C'est-à-dire produire localement les céréales et les oléagineux pour assurer l'autosuffisance alimentaire.