Deux organisations professionnelles de la filière avicole, à savoir, l'Association nationale des vétérinaires (ANV) et l'Association interprofessionnelle des productions animales (Aipa), se sont retrouvées, jeudi matin, à l'hôtel Mouahidine à Oran, pour un symposium sur la nutrition animale. Cette rencontre, la deuxième du genre, avait surtout pour objectif de débattre des perspectives du secteur de l'aviculture et les conséquences de la crise financière mondiale qui va avoir un impact des plus graves d'ici 3 à 4 ans sur cette filière qui fait vivre 2 millions de personnes. Selon une étude présentée par un expert en nutrition animale – le Dr Nasser Eddine Assal –, les producteurs avicoles doivent dès à présent abandonner le maïs et le tourteau de soja comme base de l'aliment pour volailles, et opter impérativement pour des céréales de substitution, à savoir le blé. Et celui-ci de s'adresser aux éleveurs et aux producteurs présents : “Vous devez oublier totalement le maïs, si vous voulez pérenniser votre activité ; d'ici 2015, l'Algérie n'aura plus les moyens d'acheter du maïs… l'on va arriver à une situation où le kg de viande blanche atteindra les 1 000 DA. Qui pourra acheter à ce prix ?”, lâche l'orateur. D'ors et déjà, les organisations professionnelles envisagent d'interpeller le gouvernement et de revendiquer, au vu de l'étude économique, l'octroi de blé subventionné par le biais d'une filiale à créer au sein de l'OAIC : “Nous devons nous organiser en coopérative pour pouvoir bénéficier d'un quota spécial de blé dénaturé c'est-à-dire coloré qui ne sera utilisé que pour l'aliment animal…” En effet, pour M. Nasser Eddine Assal, la crise financière, qui provoque une baisse importante de nos recettes pétrolières, va diminuer nos capacités d'importations de céréales : “Il ne faut pas oublier que l'Algérie est le premier importateur au monde de céréales, l'Algérien consomme chaque année 235 kg de pain contre 96,2 kg en Egypte, par exemple, qui compte pourtant une population de 82 millions d'habitants.” Et de poursuivre : “En 2007, l'Algérie a acheté pour 1,3 milliard de dollars de céréales et en 2008 pour 2,5 milliards… pour assurer la couverture de nos besoins en céréales, il fallait 14 jours de production de pétrole, en 2008 nous sommes passés à 20 jours !” D'autres facteurs vont aggraver la situation. Et d'évoquer la baisse des réserves mondiales de pétrole qui, chaque année, pousse les principaux pays producteurs mondiaux de céréales à réserver de plus en plus leurs surfaces agricoles utiles à la production de biocarburant. À ce titre, la France, selon l'expert de l'Aipa, devra produire, à l'horizon 2020, 50 millions de tonnes pour le biocarburant. Autre facteur qu'il faut prendre en compte : la Chine et l'Inde, selon des économistes, verront, en 2020, leurs besoins en céréales représenter 48% de la production mondiale exportée. Si dans un premier temps, les professionnels de la filière avicole veulent obtenir un quota de blé dénaturé qui leur permettrait de remplacer le maïs et le tourteau de soja par du blé, comme cela se fait déjà dans plusieurs pays occidentaux, à terme ces derniers veulent encore obtenir du ministère de l'Agriculture appui et aide à la production de blé irrigué, notamment des variétés telles que le triticale qui nécessite peu d'eau. “Nous n'avons besoin que de 200 000 hectares sur les 47 millions de surface agricole utile dont dispose l'Algérie, il faudra augmenter le nombre de stations de dessalement !”, a encore expliqué l'intervenant. L'étude présentée jeudi sera transmise très prochainement au gouvernement avec les propositions des deux organisations professionnelles de la filière avicole. DJAMILA LOUKIL