Arrêté il y a quelques jours près de Khroub, l'assassin du petit Yasser Djenhid, trois ans et demi, s'est avéré être un pédophile notoire, déjà condamné pour ce type de crime et sorti de prison à la faveur d'une grâce. La question venant immédiatement à l'esprit est comment l'autorité politique ou judiciaire a pu prononcer une grâce en faveur d'un pédophile. Il y a manifestement une sous-estimation du danger que présente ce genre d'individus dont les experts attestent pourtant qu'ils sont particulièrement portés sur la récidive car ne pouvant brider leurs pulsions destructrices. En France, cette question vient d'être tranchée : les pédophiles ne seront plus laissés libres de leurs mouvements, une fois sortis de prison : ils seront suivis sécuritairement et médicalement. Chez nous, il n'y a pas une semblable prise de conscience. Aucun débat de fond n'a été initié en direction des professionnels et du grand public sur ce phénomène qui tend pourtant à prendre des proportions alarmantes. Selon la gendarmerie nationale, en 2007, 108 mineurs ont été victimes d'enlèvement et 312 de viol. Si ces maux sont fréquents dans toutes les sociétés, en Algérie, ils ont été exacerbés par l'effritement ces dernières années du tissu social et du cadre familial. Le tabou qui les entoure ne facilite ni leur compréhension ni le travail des services de sécurité à la recherche des meilleures parades. Les pouvoirs publics devraient méditer sur le cas du jeune Yasser Djenhi au moment de l'élaboration d'une grâce : le souci de réduire la population carcérale ne devrait pas se faire sans discernement car quoi de plus précieux que la vie et la dignité des enfants. D'une manière plus générale, l'Etat peine à mettre en place une stratégie de préservation de l'enfance. Des initiatives intéressantes sont certes lancées ça et là, notamment au niveau des ministères de la Famille et de la Solidarité et des associations mais une loi sur l'enfance tarde à voir le jour. Ce texte devrait fédérer toutes les actions et tracer un vaste cadre de protection de cette catégorie de la population. Divers projets circulent dans les bureaux ministériels depuis plusieurs années mais aucun texte définitif n'a pu atterrir chez les parlementaires. La volonté politique devrait pourtant être très forte lorsqu'il s'agit de l'intérêt de l'enfant ! On pensait que l'affaire du petit Yacine retrouvé mort dans un puits à Bordj El Kiffan en mai 2007 allait accélérer les choses. L'opinion publique avait été à ce moment-là bouleversée autant par l'acte d'enlèvement suivi de meurtre que par le fait que l'enfant n'a été retrouvé que grâce à un chien renifleur d'un citoyen. Il n'en est rien depuis du côté politique. Les familles vivent aujourd'hui dans la terreur lorsque leur progéniture est à l'extérieur du domicile.