La Yamina, une des femmes qui ont tracé les premiers jalons de la chanson féminine kabyle, est morte jeudi dernier à Alger à l'âge de 102 ans. Elle a été inhumée hier à El Madania, née présumé en 1906 à Akbou, en Kabylie, La Yamina, de son vrai nom Arab Ferroudja, intègre la radio en 1924 par l'intermédiaire de Mme Lafarge dite La Tassadit. Elle y trouve La Ounissa. La Zina les rejoint par la suite. A trois, elles animent des émissions de chants kabyles. D'autres femmes ont intégré le trio mais pour une courte durée. La Yamina a ramené avec elle par la suite d'autres femmes, comme Chérifa, Ourida et El Djida Thamechtouhth. Lesquelles finissent par chanter accompagnées d'un orchestre. La Yamina voit sa carrière s'achever malgré elle au début des années 1990 suite à la suppression de l'émission « Urar El khaleth » (chants de femme). Elle compte dans son répertoire deux cents chansons environ. Contactée à cette occasion, Mme Khadidja Iheddouchène qui a soutenu sa thèse de magistère en sociologie sur les chants des femmes kabyles intégrant la radio pour chanter, La Yamina a brisé ces murs invisibles que constituent les traditions et les conventions établies. « Je l'ai rencontrée en 1989 à la radio. Pour moi, elle constitue la pionière de la chanson féminine kabyle, un symbole. Elle a bravé les carcans des traditions en vigueur et qui étaient sévères. Beaucoup de femmes qui ont chanté en son temps notamment ont fini par être marginalisées par la société. D'autres ont été contraintes au divorce. D'autres des années plus tard ont subi le même sort. » Malgré son âge avancé, « elle est restée lucide jusqu'à la fin de sa vie ».