Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, met en garde quant à « l'ethnicisation de la politique ». « Les institutions vivent actuellement dans le marasme, l'impuissance et l'immobilisme », a-t-il souligné jeudi dernier devant les membres du conseil national. Le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, en est convaincu : « L'élection présidentielle de 2009 aura lieu en 2008. » La partie se jouera, selon lui, en cercles fermés et dans les coulisses. Le peuple restera l'éternel spectateur. La méthode est la même que celle déjà utilisée en 1999 et en 2004, affirme-t-il en marge des travaux de la première session du conseil national de son parti jeudi dernier. « 2008 sera l'année des coulisses, de toutes les manœuvres », déclare-t-il devant un parterre de journalistes, ajoutant que l'année 2009 sera celle « des réceptions et des shows ». L'ambiance de pré-campagne dans laquelle s'installe le pouvoir ne conjecture rien de bon pour le pays. Elle augure à ses yeux une année de perdue encore pour le peuple, une année qui sera entièrement dédiée au « troisième mandat pour le président en exercice ». « Les dirigeants du pays ne travaillent actuellement que pour ça, comme si l'unique souci des Algériens est que Bouteflika puisse briguer un troisième mandat », dénonce M.Tabbou, estimant que la prochaine élection présidentielle ne sera aucunement bénéfique pour le peuple. « Aucun signe n'indique que cette élection apportera des solutions à la crise dans laquelle patauge le pays », soutient-il avant de se demander « pourquoi le pouvoir fait tout un détour pour arriver au même point de départ ? ». M.Tabbou souligne également dans son discours d'ouverture des travaux du conseil national « la léthargie, les manœuvres de coulisses et les grenouillages » dans lesquels replonge le pays après les élections locales du 29 novembre 2007. « Débat byzantin » Pour lui, « les institutions vivent actuellement dans le marasme, l'impuissance et l'immobilisme ». « Un débat byzantin, ajoute-t-il, s'est installé entre les vrais faux protagonistes de l'Alliance présidentielle sur la révision constitutionnelle. L'opposition du pouvoir s'associe à ce vrai faux débat. Pendant ce temps, les vrais décideurs se livrent au rituel des stratégies de la tension. » Cela, selon le premier secrétaire du FFS, représente « un risque de dérapage », d'autant plus que « certains protagonistes jouent avec le feu de l'ethnicisation de la politique ». Revenant sur la situation sécuritaire, marquée par la recrudescence des actes terroristes, M.Tabbou trouve que la programmation et la coordination des attentats perpétrés en 2007 « peuvent donner lieu à plusieurs lectures et interprétations ». Une chose est sûre selon M.Tabbou : « Cette situation dévoile au grand jour l'internationalisation de fait de la crise algérienne. » Il en veut pour preuve les positions affichées par le président français et l'installation par le secrétaire général de l'Onu d'une commission d'enquête pour enquêter sur les attentats kamikazes ayant ciblé le 11 décembre 2007 la représentation des Nations unies à Alger. Abordant la tension socioéconomique, M.Tabbou met en exergue le manque de mobilisation des citoyens, lesquels, précise-t-il, ont perdu totalement espoir en ce pays qui s'installe dans « la décadence et la régression ». « Recréer la confiance » Face à cette situation qui « met en danger le pays », M.Tabbou appelle les cadres et militants du parti à se mobiliser davantage pour recréer la confiance, frayer la voie de l'espoir, sensibiliser et remobiliser cette population, travailler avec elle pour unir le pays, le développer et pour construire une nation moderne. Le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition se montre convaincu que le changement est possible : « Un changement pacifique, négocié, progressif et ordonné. » Pour ce faire, il faut, à ses yeux, que l'ensemble de la population soit acteur. M.Tabbou estime qu'il est, en ce moment, important de « réintégrer la communauté émigrée dans la vie politique nationale ». Il évoque dans le sillage l'initiative des trois (Aït Ahmed, Hamrouche et Mehri), visant à relancer la démocratisation de l'Algérie. Cette démarche, entreprise par ces trois « grandes personnalités politiques », a eu, selon lui, un grand écho et permis de « défoncer les limites géographiques qu'on a voulu imposer au FFS ». Cette initiative, précise-t-il, vise à trouver « les meilleures opportunités » pour relancer l'activité démocratique. Les travaux du conseil national du parti se sont poursuivis tout au long de la journée d'hier. La composante du nouveau secrétariat national, présentée par M. Tabbou et approuvée par les membres du conseil national, devrait être rendue publique aujourd'hui ainsi que le programme d'action du premier secrétaire.