Alors que les relations entre le gouvernement et les médias privés se détériorent de plus en plus, le ministère de la Communication organise, demain, une rencontre-débat avec les directeurs et rédacteurs en chef des journaux au Centre international de presse (CIP) à Alger. Présidée par le ministre de la Communication, M. Boudjemaâ Haïchour, cette rencontre s'inscrit dans le cadre du dialogue entre la tutelle et les professionnels des médias, lesquels comptent saisir cette occasion afin d'exprimer leurs craintes quant à la détérioration de la situation de la liberté d'expression, particulièrement depuis l'incarcération des journalistes Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul à deux ans et deux mois de prison ferme respectivement. L'invitation du ministère de tutelle indique que « cette rencontre sera l'occasion de mieux se connaître, de se concerter et d'écouter les préoccupations professionnelles des journalistes ». M. Haïchour est-il motivé par le souci de rassurer la corporation ? Selon les premières informations, il s'agit surtout pour le ministère de dépoussiérer l'avant-projet de loi sur l'information en le soumettant à nouveau à l'appréciation des professionnels des médias, lesquels ont sévèrement critiqué cette la première mouture lors du débat du 3 mai 2003. Débat lancé avec l'arrivée de Mme Khalida Toumi au département de la Communication et de la Culture et qui s'était terminé en queue de poisson. M. Bousebsi, le chargé du dossier au niveau du ministère, considère la première mouture comme étant « un brouillon » soumis pour enrichissement. Les directeurs de journaux et les rédacteurs en chef, pour leur part, comptent se rendre à cette rencontre afin d'exprimer leur révolte face à la répression qui s'abat sur la presse indépendante. Nombre d'entre eux pensent que le débat sur l'avant-projet de loi sur l'information ne servirait pas à améliorer la situation après l'adoption du nouveau code pénal qui prévoit des peines d'emprisonnement ferme et de fortes amendes contre les professionnels des médias. Cet arsenal juridique répressif, élaboré en 2001 par l'ancien ministre de la Justice, M. Ahmed Ouyahia, a suscité et continue de susciter la désapprobation des journalistes qui appellent à son abrogation pure et simple. Si M. Ouyahia s'était enorgueilli il n'y a pas longtemps, de la non-application des dispositions du nouveau code pénal, cela n'est plus le cas depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika. C'est sur ces questions particulièrement que les journalistes comptent interpeller le ministre de la Communication en qualité de premier responsable du secteur.