Le site de Timzizdekt a également été éventré par la conduite d'eau du barrage de Tichy Haf. Comme pour Tiklat, les travaux de la conduite d'eau de Tichy Haf est passée par là, à quelques mètres des hauts murs d'enceinte. Ce constat a été fait par nous-mêmes, mercredi 20 juin 2007, lors d'un passage sur ce site pour prendre quelques photos. Nous avions surpris les gros engins de l'ETRHB en plein travail. Personne ne pourra soutenir le contraire, le tracé existe toujours et il est vérifiable. De même que nous avons des photos des excavatrices de l'ETRHB en action. La loi est claire et personne n'est censé l'ignorer. Elle interdit de procéder à des travaux sur un site classé dans un périmètre de 200 m. Le comble est que ces travaux sont faits dans un périmètre classé sans la présence d'archéologues du secteur de la culture. On aurait bien pu mettre au jour du mobilier archéologique sans que cela se sache. Qu'est-ce donc que ce site de Timzizdekt ? C'est un site historique de haute importance situé dans la commune d'El Kseur, à 3 km de Tiklat, juste en dessous de la voie ferrée. Ce site, que les habitants appellent « Lessouar », est en réalité la forteresse médiévale de Timzizdekt construite par le sultan Abdelouadide Abou Tachfine en 1326, lors d'une expédition dans la vallée de la ,Soummam pour s'emparer de la ville de Béjaïa qu'il disputait aux Hafsides. Cette forteresse marquait la limite du royaume zianide et une colline située dans la commune de Fenaïa porte encore aujourd'hui le nom de Tighilt Nath Ziane, selon Farid Bali, maire de cette même commune. On raconte que la forteresse fut construite en seulement 40 jours et peuplée de 3000 guerriers zianides. Elle reçut le nom de Timzizdekt, « la purificatrice » en berbère, en hommage à l'ancienne place forte de Yaghmorassen au Maroc. Abou Tachfine avait installé autour de Béjaïa plusieurs garnisons et des familles entières originaires de l'ouest ou du sud du pays. Au bout de 7 ans de guerre, lorsqu'il décida de lever le siège de Béjaïa, plusieurs villages ont été créés et décision de s'installer là définitivement avait été prise. C'est le cas, par exemple, de la ville de Toudja, formée par la tribu des Toudjines, venus du sud de Médéa. Dûment classé en 1992, le site est également en proie à la prédation et à la dégradation. Un vieux paysan rencontré sur les lieux se rappelle de l'endroit exact qui abritait les cuisines et le puits, aujourd'hui enseveli, qui était situé au milieu de l'immense cour intérieure. Le site lui-même est aujourd'hui exploité par un agriculteur qui y sème du blé. C'est dire si l'agriculture passe bien avant la culture.