Le harcèlement juridico-financier qui s'abat sur la presse privée n'use en rien la détermination et la mobilisation de la corporation et de la société civile. Initié par le collectif des travailleurs du quotidien Le Matin, un rassemblement est prévu aujourd'hui à la place de la Liberté de la presse (rue Hassiba Ben Bouali, à Alger). Cette action a pour objectif de faire pression sur le gouvernement pour la libération du directeur du Matin, Mohamed Benchicou, et du journaliste d'El Youm, Hafnaoui Ghoul, condamnés respectivement à deux années et à deux mois de prison ferme. Cette action, qui coïncide avec la date de la célébration de la fête de l'indépendance, se veut une manière de dénoncer, une fois de plus, cette tentative de musellement de la presse indépendante. Des professionnels de la presse, des personnalités, des syndicalistes et des associations de la société civile ont promis de rallier le rassemblement afin d'alerter l'opinion nationale et internationale sur le danger qui pèse sur la liberté d'expression. Une gerbe de fleurs sera déposée à cette occasion à la mémoire des journalistes assassinés dans les années du terrorisme et de la violence. Le collectif des travailleurs a reçu le soutien du mouvement associatif de l'intérieur du pays : mouvements citoyens de Ouargla, de Ghardaïa et des Aurès. Parallèlement à cette mobilisation, d'autres actions sont prévues à l'intérieur du pays. Une marche des journalistes et correspondants de la presse aura lieu aujourd'hui à Bouira en signe de protestation contre l'emprisonnement des journalistes. Le même jour à Béjaïa, un meeting est programmé à l'initiative de l'association des journalistes et correspondants de presse. Sur le plan international, la journée d'aujourd'hui sera marquée par un rassemblement à paris. Il reste que toutes ces mobilisations s'expriment à la veille d'une nouvelle citation à comparaître de Mohamed Benchicou et de la journaliste Abla Cherif au tribunal de Sidi M'hamed. Les deux mis en cause ont été accusés par le ministère de la Défense nationale (MDN) de « diffamation et outrage à institution officielle » dans un article ayant trait aux évènements de T'kout (Batna). Devant l'édifice où seront jugés les deux journalistes, un sit-in sera observé par la CADC de Tizi Ouzou, et ce, pour marquer sa désapprobation contre le harcèlement judiciaire subi par les deux confrères. Durant la même journée du 6 juillet, soit au moment où se tient le procès en question, un rassemblement est prévu à la Maison de la presse Tahar Djaout. L'association Code de la famille 20 ans barakat prévoit à partir du même lieu un lâcher de 1000 ballons portant inscription « Libérez Benchicou et Ghoul ». De la même manière, le Comité canadien pour la libération des deux journalistes emprisonnés organise à l'université de Montréal une journée d'information et de protestation. C'est dire qu'une véritable chaîne de solidarité ne cesse de grossir en faveur des journalistes mis en prison, mais aussi pour dire halte au harcèlement des journalistes qui ont déjà assez payé de leur vie.