Thenia était hier encore sous le choc après l'attentat qui l'a secoué la veille. L'attentat kamikaze revenait dans toutes les discussions et les conjectures animaient les débats. Mais c'est plutôt la peur de l'avenir qui préoccupe le citoyen. Les citoyens opposés à la destruction et la violence terroriste s'invitent au débat sur la sécurité et la majorité est d'accord qu'il est nécessaire de durcir le combat contre l'idéologie islamiste. Un militant d'un parti de l'opposition habitant Thenia, B. M., 50 ans, trouve que « la politique de la réconciliation nationale plébiscitée à moins de 20% a été catastrophique pour le pays ». « En 1997 et 1998, les islamistes s'effaçaient complètement ; ils avaient peur de s'afficher. Aujourd'hui, ils se revendiquent en tant que défenseurs du projet d'un Etat islamique et crient en face de tout le monde que tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. Des partis de cette essence sont au pouvoir », dit-il. Hier, la vie a repris normalement son cours à l'ex-Minerville. Les écoliers ont rejoint les bancs des établissements situés à proximité du commissariat visé. Bien que ceux-ci avaient enregistré quelques dégâts. Mais la situation est maîtrisée et sera réparée dans les tout prochains jours, nous a confié un responsable de la wilaya. Il reste cependant les services de la poste qui n'ont pas pu reprendre le travail, le bureau ayant été sérieusement endommagé. Les travailleurs ont cependant marqué leur présence hier. Mais l'on va vers l'occupation d'autres locaux provisoirement en attendant de réparer le bureau. Pour rappel, bien que le kamikaze n'avait pas atteint son objectif parce qu'il a été forcé de se faire sauter à une quinzaine de mètres de sa cible par les tirs d'un policier qui était de faction, le bilan était lourd : trois morts et une quarantaine de blessés dont un était grièvement atteint. Celui-ci est un policier qui a été transféré vers un hôpital de la capitale pour subir une intervention chirurgicale. Une source hospitalière nous a confié qu'il avait beaucoup de chance de s'en sortir. Les autres blessés ont tous quitté l'hôpital de Thenia le jour même, ajoute notre source qui précise qu'il s'agissait de blessés légers. Hier en fin de journée, aucune information officielle n'était encore disponible sur l'identité du terroriste kamikaze et sur le type du véhicule utilisé. Les citoyens parlent cependant d'un fourgon à bord duquel se trouvait une femme. Des informations non vérifiées jusqu'ici. La cellule psychologique poursuivait son action en s'occupant des enfants et des femmes surtout qui ont reçu des chocs suite à l'attentat. Les résultats de la commission installée par les pouvoirs publics afin d'évaluer les dégâts en vue de dédommager les citoyens touchés et en vue de débloquer des budgets pour réparer les dégâts enregistrés dans les édifices publics seront connus dans quelques jours, selon ledit responsable de la wilaya. Car il y a eu d'importants dégâts sur un rayon de plus de 50 mètres. Les sièges de la daïra, de l'APC, de la Protection civile, les écoles, la poste, les habitations, les commerces alentours ont tous été sérieusement touchés. La toiture, les murs, les portes, les fenêtres ont tous sauté suite au souffle provoqué par la bombe. Certains observateurs de la scène sécuritaire disent qu'ils s'attendaient à des actes pareils vu que ces derniers jours les forces de sécurité portaient coup après coup aux groupes terroristes activant dans la région de Boumerdès. Une quinzaine de terroristes ont été neutralisés en moins d'un mois. A Alger, Corso, Thenia, Tidjelabine, Souk El Had, Naciria et Taourga, des terroristes ont été éliminés ou arrêtés par les forces de sécurité. Parmi eux des émirs de phalanges locales. « Il était donc attendu que les terroristes adoptent la réaction de la bête blessée, mais c'est assurément en désespoir de cause », nous dit notre interlocuteur. Celui-ci souligne qu'il a constaté le « renforcement des mesures de sécurité partout à travers la wilaya et le lancement de diverses opérations de ratissage en plus d'un travail de renseignement qui se fait d'une manière continue et soutenue ». La preuve en est que les chefs terroristes sont éliminés les uns après les autres.