La sécheresse qui s'abat sur l'Algérie, depuis de nombreuses années, pourrait démentir formellement les chiffres avancés par la direction générale des forêts et qui stipulent que le territoire n'est pas constitué que de terre, de pâturage, de sable et de verdure, mais qu'il comprend plus de trois millions d'hectares d'espaces d'eaux et de zones humides. Qu'il s'agisse de chott, de lac, de sebkha ou de marais, les zones humides font partie intégrante de notre panorama environnemental constituant par-là même des écosystèmes à protéger. Une idée : les zones humides algériennes dépassent en termes de superficie les zones forestière, ce qui laisse pantois quant à la physionomie géographique du pays. En tout, l'Algérie est mangée par 1451 sites dont 42 sont classés dans la prestigieuse liste de Ramsar. Une liste inaugurée par 18 pays en 1971 à Ramsar, en Iran, qui visait à répertorier toutes les zones humides mondiales devant faire l'objet d'une attention particulière. Près de 35 années plus tard, 155 pays ont adhéré à la convention Ramsar qui liste près de 1700 zones humides à travers la planète. L'Algérie a très tôt pris conscience du potentiel « humide » qu'elle avait. Dès 1971, elle intègre le cercle fermé des privilégiés de Ramsar. Aujourd'hui, quelque 42 sites algériens d'importance internationale figurent sur la liste Ramsar et obligent les autorités compétentes à préserver ces lieux à l'architecture naturelle et emblématique. Ces plans d'eau ne sont pas qu'un accident de la nature qui par mégarde auraient empli un réservoir naturel complice de la configuration terrestre. Ces zones sont des lieux d'habitats d'espèces animales et végétales d'une très grande beauté, permettant à la vie de trouver son chemin. COCON DOUILLET Les oiseaux migrateurs y voient un cocon douillet pour y planter le plumage le temps d'une pause « terrestre ». Cohabitant sans méfiance avec les espèces autochtones, ces différents individus de volatiles occuperont le même espace, profiteront de ce que l'humidité ambiante ajoutée à la chaleur prodiguera de nourriture. Les têtards deviendront amphibiens, les pousses rebelles se feront arbustes et les œufs écloront pour ouvrir le pas à de nouvelles générations de canards. La sérénité que suggèrent ces étangs qu'un battement de palmes ne saurait perturber, ne doit pas faire perdre de vue que ces zones, bien que classées, bien que protégées par un arsenal juridique intelligemment ficelé, sont la proie de menaces. Des menaces tantôt générées par des appétits gourmands en territoire à conquérir, tantôt issues de l'inconscience collective. Le flamant doit conjuguer avec les pots d'échappement et l'aigrette a coincé son nid entre deux amas d'ordures. Les espèces florales bataillent avec un sachet en plastique qu'un savant calcul chimique aura permis de faire perdurer quelque 400 ans. Une espérance de vie que l'aigrette ne saurait concurrencer même à raison de 10 couvées par an… La direction générale des forêts, qui compte par ailleurs introduire 18 autres sites dans la convention durant cette année 2008, s'est donné pour objectif d'asseoir cette richesse écologique dans notre patrimoine national. Un combat qu'elle ne saurait mener seule vu l'ampleur des travaux et des menaces. A charge pour la société civile d'intégrer la nécessaire protection de ces sites dans leurs priorités quotidiennes. A charge pour les autorités de joindre à l'action les instruments nécessaires à la pérennisation de ces richesses.