Au domicile familial de Mounir, il n'y avait personne : « Ils sont tous partis en France assister au procès. » Ighil Bouamas (Tizi Ouzou). De notre envoyé spécial Rabah a été condamné à tort. Il n'est pas capable de faire du mal à une mouche. » L'homme qui parle dit avoir grandi avec Mounir Aït Menguellet plus connu par le prénom de Rabah. Il ne tarit pas d'éloges au sujet de son ancien camarade qui l'a quitté pour aller poursuivre ses études en France. Nous l'avons rencontré hier à Ighil Bouamas, village natal et de résidence de la famille Aït Menguellet. « C'est un garçon très gentil, sportif, calme et affable, estimé par tout le monde. Vous pouvez interroger n'importe quelle personne rencontrée au hasard dans la rue, elle vous dira que c'est quelqu'un qui n'a jamais eu le moindre problème avec les habitants du village », témoigne B. Omar, licencié en bibliothéconomie. Dépité et profondément indigné par la peine d'emprisonnement de 20 ans prononcée par la cour d'assises de Bobigny (Paris) à l'encontre de Mounir Aït Menguellet, coupable selon la justice d'avoir tué en 2004, à Aubervilliers, Maria de Jesus Lopez, une Portugaise de 72 ans, notre interlocuteur estime que les griefs retenus à l'encontre du fils du célèbre chanteur kabyle sont une pure invention. « C'est un scénario monté de toutes pièces. Une injustice de trop à l'encontre d'un innocent parce qu'il est de nationalité algérienne. A défaut de tirer au clair cette affaire tel qu'il se doit, les enquêteurs français ont trouvé en lui le coupable idéal. Pour moi, les gens chargés de l'enquête n'ont aucune conscience professionnelle. Pourquoi n'a-t-on pas élargi les investigations du côté de l'entourage de la victime ? », s'interroge ce jeune universitaire visiblement accablé en apprenant la nouvelle par voie de presse. Hakim dont la demeure est mitoyenne de celle de Mounir Aït Menguellet éprouve le même sentiment. « J'ai lu dans les journaux ce matin (hier, ndlr) le compte rendu du procès comme tout le monde. On est vraiment choqué par la sentence prononcée par le tribunal. Je suis certain que Rabah n'a rien à avoir dans cette affaire. C'est un garçon qui jouit d'une éducation exemplaire comme tous ses frères. Ils pensent beaucoup à leur père qui n'est plus à présenter. Rabah ne manquait de rien, même en France. » Nacer, voisin de la famille Aït Menguellet, dira pour sa part : « Personnellement, tel que je l'ai connu, Rabah était un gars très timide. Il faut sonner à sa porte pour qu'il daigne sortir. Il aimait beaucoup la musique classique. Il ne ferait pas de mal à une mouche. L'éducation que lui ont donnée ses parents dès son jeune âge ne lui permettrait pas de lever le petit doigt sur quiconque. La dernière fois où je l'avais rencontré c'était en 2003, en France. Rabah est victime d'une injustice. Durant le procès, il n'a pas cessé de clamer son innocence. Avant même sa comparution devant le tribunal, il a été condamné par la presse française. C'est vous dire que cette affaire sent la magouille. » Tous les témoignages recueillis à Ighil Bouamas ne croient pas que l'enfant sage du village soit l'auteur de ce crime. « Les enquêteurs de la police française n'ont pas jugé utile d'explorer d'autres pistes préférant bâcler leur travail et désigner promptement le coupable idéal à leurs yeux », analyse un père de famille. Il est 14h. Direction la demeure familiale. Le portail de la villa est fermé. « Ils sont tous partis en France pour assister au procès », nous fait savoir un riverain.