Adila Bendimerad est une jeune femme ambitieuse pleine de ressources, son rêve : faire revenir le spectacle vivant à Alger. Tiraillée entre la France et l'Algérie, Adila construit sa carrière d'actrice et de scénariste des deux côtés de la Méditerranée. Ses licences de lettres modernes et de philosophie en poche, la jeune femme décide de se lancer dans la comédie. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle obtient son premier rôle en 2006 dans le trio Quand passent les gazelles de Bernard Granger. Touche à tout, elle s'essaie à la télévision et joue dans la série Mey ya Mey dont elle est l'auteur. Jamais à cours d'idée, Adila décide un soir dans sa loge à la Comédie de Paris de monter le Bel Indifférent de Cocteau à Alger. Deux mois plus tard, le metteur en scène et auteur Kamel Yaïche lui présente l'adaptation algérienne et c'est une évidence : le public algérois doit pouvoir admirer cette pièce sur le désespoir amoureux, écrite dans les années 40 pour la grande Edith Piaf. Une chambre d'hôtel, un couple, une dispute, bref un théâtre intime sans revendication, loin des standards algériens. Dès lors une question se pose : où jouer la pièce ? « Nous ne voulions pas de deux ou trois représentations dans une salle ; nous souhaitions du continu », confie l'actrice. Et c'est à cet instant précis que le projet prend une nouvelle tournure. Une seule solution pour faire durer le spectacle : créer un théâtre du printemps indépendant et privé. La troupe élèvera, d'avril à mai, un chapiteau de 15 m de diamètre au Bois des Arcades, autour de la rotonde, avec le soutien et l'autorisation de l'OREF. La pièce sera jouée tous les mercredis et jeudis soirs. D'une capacité de 130 places, le théâtre accueillera également des spectacles déjà créés comme L'Escargot entêté de Rachid Boudjedra le lundi soir, et un spectacle pour enfant Le Ballon rouge les vendredis après-midi. Cette programmation hebdomadaire permettra à la pièce de s'enrichir artistiquement et de donner rendez-vous au public de manière régulière. Durant ces trois mois, un making off sera tourné par une journaliste de Canal Algérie. Si le bilan est positif, ce nouveau concept pourrait s'installer dans la durée et attirer d'autres troupes indépendantes. Imaginé il y a un mois, le projet séduit et les premiers échos semblent augurer une belle réussite. Entre-temps, la belle poursuit son marathon et sera à l'affiche du moyen-métrage de Cherbal, Le Front de libération des cerveaux indépendants.