Le président de la République sera, mardi 30 novembre, à Berne pour une visite officielle en Suisse, la première du genre dans l'histoire des relations entre les deux pays. Le journal La Liberté, qui annonce la nouvelle, parle d'« un tapis rouge » à dérouler devant l'Algérie. « La Suisse comme l'Algérie insistent sur le caractère exceptionnel de cette visite d'Etat », estime le quotidien suisse. Le chef de l'Etat devra signer un accord économique qualifié d'important à Berne. Il sera accompagné du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, du ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, et du ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. Abdelaziz Bouteflika aura des entretiens avec le président de la Confédération suisse, Joseph Deiss. En octobre 1999, Joseph Deiss, en tant que conseiller fédéral chargé des Affaires étrangères, a visité l'Algérie afin de relancer la coopération, une année après la réouverture de l'ambassade suisse à Alger. Parallèlement à la visite de Bouteflika, des rencontres informelles sont prévues avec des responsables de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont le siège est à Genève. Les deux pays, liés par un accord commercial qui date de 1963, devraient « officialiser » la signature d'un accord sur la promotion et la protection des investissements. Selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), l'Algérie est la troisième source d'approvisionnement des hydrocarbures de la Fédération helvétique. Par deux fois, en 1994 et 1996, l'Algérie a bénéficié d'un accord de rééchelonnement de la dette de l'ordre de 130 millions de francs suisses. Berne étudie actuellement la possibilité d'accorder à l'Algérie un crédit de transfert devant servir à un soutien financier à l'exportation ou à l'équipement. Un programme de promotion des exportations, établi par la Suisse en 1992, a été bloqué à cause de la situation sécuritaire en Algérie. Avec presque 5 millions de francs suisses, Berne soutient un projet destiné aux PME lancé par la Banque mondiale (BM) en 2002 et baptisé « North Africa Enterprise Development Facility » (NAEDF). Ce projet concerne également le Maroc et l'Egypte. La Suisse vend à l'Algérie des machines (47% du volume des exportations), des produits pharmaceutiques et des produits chimiques. Si la balance commerciale est défavorable à la Suisse, à cause du prix élevé du pétrole, le volume global des échanges demeure modeste : pas plus de 269 millions de francs suisses. L'Office de la garantie contre les risques à l'exportation (GRE) classe l'Algérie au point 4. Le Maroc est logé à la même enseigne, alors que le risque pour la Tunisie est de 3. Berne a installé à Casablanca un fonds « capital risque Maghreb » doté de 25 millions de dollars. La Suisse apporte son assistance technique à l'Algérie en matière de lutte contre la pollution et de conservation de la nature à travers, entre autres, le Réseau d'observation de surveillance écologique à long terme (ROSELT). Cette année, l'Algérie fait un pas pour « vendre » mieux son image en prenant part au célèbre Salon de Bâle, MUBA. En marge de la visite de Bouteflika, des rencontres avec des hommes d'affaires et des chefs d'entreprises sont prévues. Le nombre des entreprises suisses présentes en Algérie ne dépasse pas la vingtaine. Il s'agit, principalement, de Bühler, Novartis, Von Roll, Nestlé, Roche, ABB et Hilti. ABB, leader des technologies de l'énergie et de l'automation, présent dans 100 pays, entend développer davantage ses activités en Algérie. Autant que Nestlé, premier groupe alimentaire mondial avec 253 000 employés répartis à travers 511 usines, qui étudie la possibilité de s'installer en Algérie, pays où les produits Nestlé sont vendus depuis longtemps (Nescafé, Maggi, Gloria, Perrier...). L'Algérie, de son côté, souhaite toujours le retour de la compagnie aérienne Swiss. L'argument avancé est que la situation sécuritaire s'est améliorée dans le pays et que des compagnies, telles que Alitalia, Turkish Airlines et Air France, ont repris leurs dessertes sur Alger. L'aide et l'expertise suisses seront sollicitées par Alger pour la réforme du système bancaire. Une réforme qui traîne depuis des années. Des patrons de l'Union bancaire suisse (UBS) et du Crédit suisse devraient rencontrer des officiels algériens à la faveur de la visite du chef de l'Etat. La circulation des personnes sera probablement abordée. Berne a cette réputation d'accorder peu de visas. La communauté algérienne en Suisse est estimée à 2560 résidents seulement. En Algérie, ils ne sont que 200 ressortissants suisses.