Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, a trouvé en son conseiller à la communication un parfait bouc émissaire à sacrifier pour se sortir du bourbier de la gestion catastrophique du hadj et de l'argent de la zakat. En effet, profitant d'un conseil interministériel tenu la semaine dernière pour faire le bilan du pèlerinage, le ministre a proposé à son chef du gouvernement le limogeage du chargé de la communication, Abdallah Tamine, accusé d'être à l'origine de l'étalage du linge sale de ce ministère sur la place publique. Ce département, qui gère des milliards de dinars et des projets en milliards de dollars (la grande mosquée d'Algérie) et qui vivait à l'abri des regards inquisiteurs, a été brutalement propulsé sur le devant de l'actualité via des dossiers compromettants. Depuis la fin de la campagne du pèlerinage, la presse a ouvert la boîte de Pandore, laissant découvrir un ministère du culte dans toute sa... splendeur. A commencer par le traitement inhumain infligé aux hadjis dans les lieux saints de l'Islam en passant par l'investissement illicite de l'argent de la zakat à contresens des préceptes du Coran et le silence bizarre de ce ministère face à la polémique sur la propagation de l'évangélisation et autres extrémismes religieux en Algérie. Pour Ghlamallah, le responsable de cette mise à nu est tout désigné : son chargé de la communication. Il fallait donc s'en débarrasser pour étouffer cette cascade de scandales. Abdallah Tamine, connu par toute la presse nationale et internationale pour sa disponibilité et son savoir-faire, a depuis 2004 pu sortir ce secteur fermé de l'ombre pour le plonger dans le bain des débats de société. Et il semble bien que ce soit cette stratégie qui a déplu aux cadres qui font leur la maxime selon laquelle « pour vivre bien il faut vivre caché ». M. Tamine qui se voit ainsi poignardé dans le dos, comme il le souligne dans une lettre adressée au président de la République et au chef du gouvernement, a jugé utile de solder ses comptes avec le ministre. Dans cette missive qu'il a bien voulu publier dans la presse, ce jeune cadre, qui a payé de sa propre poche les frais d'un appareil fax pour les besoins de son service, a énuméré 37 cas de corruption, de gestion opaque des biens waqfs, de détournement, de népotisme, de laisser-aller dans les écoles coraniques et des mosquées. Il rappelle même à son ministre d'avoir ironisé un jour que « les barons du hadj constituent l'un des piliers du hadj… ! » Le RND sanctionne le FLN Comme quoi Bouabdallah Ghlamallah connaissait déjà tous les sous et les dessous du hadj ! Et au chapitre des affaires religieuses proprement dites, le désormais ex-conseiller de Ghlamallah accuse ce dernier d'avoir autorisé la lecture du communiqué annonçant le début du Ramadhan sans tenir compte des rapports de 12 wilayas et d'avoir fixé « arbitrairement » le montant de la zakat sans en référer aux savants de l'Islam. Aussi Abdallah Tamine croit-il déceler une arrière-pensée politique derrière sa mise à l'écart, en ce sens qu'il est également chargé de communication de la qasma FLN d'El Achour. Il suggère ainsi qu'il a été puni par un ministre RND qui souhaiterait s'entourer de quelqu'un issu de sa famille politique. En tout état de cause, le limogeage du chargé de la communication constitue la face visible des « affaires » religieuses.