A la fois journaliste et musicien, Amir Jalal Zerdoumi a sorti, en octobre dernier, son premier album intitulé Meskoon aux Etats-Unis. De passage à Alger, le hard rocker dévoile, à travers son premier-né, sa tentative de fusion entre les rythmes afro-arabes et le heavy metal. Il revient avec bonhomie sur son expérience américaine et sur le désir de voir son produit édité en Algérie. Pourriez-vous revenir sur votre parcours musical ? J'ai débuté un peu comme tout le monde avec la passion pour la musique, avec une première guitare et des premiers sons. J'ai commencé à écouter de la musique passionnément à l'âge de 12 ans. Peut-être même bien avant. J'ai commencé à jouer de la guitare et d'essayer d'explorer ce qu'on pouvait en tirer quelques années plus tard. J'etais un grand passionné de rock et de blues. Je suis devenu hard rocker, amateur de heavy metal, où à l'epoque, le raï, la funk et le disco dominaient la scène musicale algérienne. Ayant habité pendant quelques années la ville d'Oran, je suis venu m'installer dans la capitale, où j'ai eu le grand bonheur de fonder avec des copains de lycée le groupe Wooshma avec Hassen Talbi et Rym Terbech, (ex-Echoes), le bassiste Mourad « John » Baraka (qui a rejoint plus tard le groupe Atakor), le guitariste Redouane Tilmati et le batteur Saïd Tamache, qui ont tous les deux rejoint le groupe Dzair des années plus tard. Le batteur canadien, né en Bosnie, Maher Bostandjia, a joué dans notre groupe quelque temps. A la même époque, vous étiez producteur, réalisateur et animateur à la Chaîne III ? Effectivement, j'ai travaillé à cette époque à la radio comme animateur, producteur et co-directeur d'émission avec la star radiophonique, le chanteur du groupe T34, Khaled Louma. Vous avez décidé de vous exiler en 1997 aux Etats-Unis pour découvrir un autre monde ? Mon exil aux Etats-Unis en 1997 était une opportunité, un signe du destin, une possibilité d'aller faire un tour dans un monde différent. C'était surtout l'intérêt de la découverte et de l'aventure. L'exil vous apprend énormément de choses, plus particulièrement aux Etats-Unis. C'est sûr, quand vous allez là-bas, vous vous retrouvez dans un contexte où vous ne pouvez qu'apprendre. Ceci étant, une fois arrivé dans ce pays, j'ai commencé à jouer une étrange fusion de rythmes nord-africains avec du gumbri mélangé à de la guitare électrique heavy et acoustique dans des endroits comme The Elbow Room, The Knitting Factory, Hunter College and The Departed CBGB's in New York City. J'ai eu l'opportunité de rencontrer des musiciens professionnels de très haut niveau, comme Kevin Hunter, un guitariste qui a travaillé avec Puff Daddy, Al Jarreau, Shaina Twain, Janet Jackson et Rachid Halihal. Ce dernier a joué avec Rachid Taha. Tout en étant professeur d'université et journaliste, j'avais décidé d'enregistrer toutes ces idées musicales jusqu'à produire mon premier album Meskoon (Possédé). La musique est-elle une passion ou un métier pour vous ? Je tiens à préciser avant tout que la musique ce n'est pas mon métier, mais une passion. Dès lors que cela devient un métier, cela devient très triste. Vivre de cela, pervertirait la relation un peu que vous avez avec votre passion. Votre album Meskoon se veut une tentative de fusion entre les rythmes afro-arabes et le heavy rock... L'album est sorti le 28 octobre 2007. C'est un album qui n'est pas destiné aux Américains, et il se trouve qu'il a été produit et édité aux Etats-Unis. Dans Meskoon, il y a 70% d'arabe dialectal et 30% d'anglais. J'ai tenu à chanter en anglais pour des sonorités vocales que de communication avec le public américain. Par ailleurs, il y a certains passages qui s'adressent au public américain. Le titre évoque une histoire de magie noire, où un garçon est possédé par une « femme-chatte ». C'est une métaphore d'une expérience amoureuse personnelle. Il y a quelque part un fil conducteur entre les huit titres. Je tiens à préciser qu'il y a plusieurs raisons à ce titre, parce que, d'abord, cela sonne bien et ensuite j'ai toujours été fasciné par ces histoires de possession. Je vais vous faire une petite confidence : il m'est arrivé très souvent, pendant l'enregistrement de cet album, d'avoir cette sensation d'être possédé par quelque chose. Le concept musical qui est développé est une fusion entre le hard rock et la musique du terroir algérien. C'est un voyage sur l'ensemble du terroir, puisque j'ai touché un maximum de styles. C'est un album très orienté guitare. J'ai également fait fusionner le hard rock et la musique gnawie pour montrer qu'on pouvait faire de la musique gnawie, en utilisant le gumbri. Ce dernier fait autre chose que du traditionnel. En écoutant votre album, on a comme cette impression que vous avez été influencé par certains artistes, tels que Hamid Baroudi ou encore ceux du groupe T34 ? On m'a cité une centaine de noms, quand à l'influence possible que les gens pensent écouter. Chacun croit y voir l'influence de quelqu'un. Je n'ai pensé à personne de particulier en faisant cet album, mais il serait tout à fait normal qu'on y trouve tous les noms qui ont pu m'influencer depuis que j'ai commencé à découvrir la musique. Que vous y voyez du T34, c'est très possible, tant mieux. J'ai toujours eu beaucoup de respect et d'amitié pour ce groupe et pour Hamid Baroudi. Ceci étant, mon album est un pur produit personnel. Ce sont mes créations. C'est le produit de toutes les expériences positives que j'ai acquises. Comptez-vous éditer cet album en Algérie ? C'est parce que je voulais que mon album soit disponible en Algérie, que j'ai essayé d'explorer toutes les possibilités pour distribuer mon album ici. J'ai rencontré le consultant de la maison de production Belda Diffusion. Il s'est avéré que les conditions imposées pour les artistes établis à l'étranger sont tellement ridicules, eu égard aux compensations financières. Il ne me semble pas qu'il y ait de possibilité. On m'a clairement signifié que le son de mon album ne correspondait pas à l'attente du public « Belda ». A partir de là, il y a deux possibilités : soit le mettre en téléchargement libre ou alors essayer de faire de l'auto-distribution. Je suis en train d'explorer cette possibilité. Dans le pire des cas, je le distribuerai aux passants. N'écartez-vous pas l'idée de vous produire, un jour, en Algérie ? Je voudrais tant me produire dans mon pays, mais pour l'heure, cela pose problème. Ramener les musiciens américains avec lesquels j'ai travaillé paraît financièrement impossible. Il y a une possibilité de me produire avec l'aide de certains musiciens algériens. Des éléments du groupe Dzair m'ont fait l'honneur de se proposer pour m'accompagner sur scène. Maintenant, il faudrait voir dans quelle mesure cela pourrait se faire.