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« La sécurité énergétique est une préoccupation » Andreas Michaelis. Directeur du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au ministère allemand des Affaires étrangères
Andreas Michaelis, directeur du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au ministère allemand des Affaires étrangères, était en visite ces trois derniers jours en Algérie. C'est la première fois qu'il se déplace en Algérie. A Alger, il a rencontré plusieurs responsables dont le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et Farouk Ksentini, président de la commission officielle des droits de l'homme. Il a eu des discussions avec Mouloud Hamrouche, ancien chef du gouvernement et avec des hommes d'affaires. Après l'Algérie, il ira au Maroc et en Syrie. Ancien ambassadeur d'Allemagne à Singapour, Andreas Michaelis a dirigé le département des affaires asiatiques au ministère des Affaires étrangères avant d'occuper le poste de porte-parole de ce même ministère. Les relations algéro-allemandes sont-elles bonnes, mauvaises. Que faut-il faire pour les améliorer ? Nous avons de bonnes relations reflétées par les échanges de visite à un haut niveau. L'Allemagne s'intéresse en premier lieu à la stabilité politique des pays en Afrique du Nord comme région et à celle des pays d'une manière individuelle. Nous nous sommes focalisés pendant longtemps sur l'intégration européenne au point de développer la double identité européenne et allemande. Nous sommes autant européens qu'allemands. Nous nous sommes élargis et l'Afrique du Nord est un voisinage pour nous. Nous devons définir notre relation avec ce voisinage (...). En Europe, la sécurité énergétique est une préoccupation. La politique de voisinage (PEV) prônée par l'Union européenne est refusée par l'Algérie... C'est une question que j'ai posée aux responsables algériens et j'ai reçu des explications. L'Algérie ne rejette pas la politique européenne de voisinage (PEV), mais voudrait d'abord laisser le temps à l'application de l'accord d'association signé avec l'Union européenne (UE) en 2005. La PEV peut être bénéfique pour l'Algérie. L'Algérie peut profiter de tous les instruments qui sont valables aux fins de renforcer sa relation avec l'UE. La PEV est un instrument important (...). Plusieurs pays veulent que le processus de Barcelone avance. Ce processus a mal évolué pour plusieurs raisons, comme la situation politique au Moyen-Orient. Cela a créé des blocages dans la voie de l'amélioration de la coopération. Sur un autre chapitre, si vous regardez les projets individuellement lancés à la faveur du processus de Barcelone, comme l'environnement, les choses ont évolué et des idées ont été exprimées (...). Du point de vue allemand, le processus de Barcelone doit être renforcé et utilisé pour développer nos relations et nos intérêts communs. Il y a peut-être une chance en 2009, avec l'arrivée de l'Espagne à la tête de la présidence tournante de l'UE, ce processus sera soutenu par un acteur intéressé pour lui donner plus de dynamisme. Une action qui sera pleinement appuyée par l'Allemagne. Il y a eu des réticences en Allemagne à propos de l'initiative française de créer une union méditerranéenne. Alors, ce projet peut-il être concrétisé ? N'existe-t-il pas une superposition d'initiatives européennes vers le Sud ? Dès le départ, l'Allemagne n'a pas refusé l'idée d'une union méditerranéenne. Nous avons exprimé des préoccupations par rapport au nombre élevé de questions ouvertes liées à ce projet. L'Union européenne a évolué avec une unité de 27 membres. Qu'en sera-t-il si on lui ajoute une autre union divisée entre pays européens et pays du Sud ? Il est peut-être trop tôt pour décider de la manière de le faire et introduire dans les structures de l'UE les méthodes de travail avec la prochaine union. Tout doit être discuté pour arriver à une décision au sein de l'UE. La commission européenne, qui va être impliquée dans l'union méditerranée, a besoin de fonds pour agir, et les fonds sont l'expression d'une certaine représentation des pays. A plusieurs occasions, nous avons clarifié notre position. Si les choses évoluent dans une voie appropriée, on verra comment aller vers cette proposition. Cela doit prendre des semaines et des mois avant le 14 juillet 2008 (date de la tenue du sommet des chefs d'Etat devant donner naissance à l'union méditerranéenne, ndlr). On doit maîtriser les contours des intentions françaises. L'Allemagne n'est pas contre une idée intéressante qui pourrait ramener du dynamisme à la coopération. Mais nous ne voulons pas dupliquer les formes actuelles de coopération. Comment l'Algérie peut-elle contribuer à la sécurité énergétique de l'Europe ? Et comment analysez-vous le développement prévisible du nucléaire civil dans la région ? Les pays européens veulent diversifier leurs sources d'énergie et leurs fournisseurs. La Norvège, la Russie, la Libye et l'Algérie sont nos principaux fournisseurs. Dans le futur, l'Iran pourrait être un de nos fournisseurs. La diversification est une manière de sécuriser les approvisionnements. J'ai rencontré des chefs d'entreprise allemands. En Algérie, la firme allemande Ion travaille dans le domaine de l'industrie gazière. C'est une exemple (...). La question du nucléaire doit être abordée avec prudence. Plusieurs pays veulent développer l'énergie nucléaire civile notamment au Moyen-Orient. Les aspects sécuritaires doivent être pris en compte surtout que des conflits sérieux se déroulent dans cette région (...). Il y a aussi la question des déchets atomiques à prendre en compte, celle de la gestion des urgences... L'Allemagne, qui est un pays hautement industrialisé, a l'habitude de gérer ces aspects. Dans les pays qui n'ont pas atteint le même niveau de développement, ce genre de problèmes doivent être appréhendés avec sérieux (...). Nous sommes l'un des champions du monde dans le développement des énergies nouvelles. Des pays producteurs de gaz et de pétrole veulent développer le nucléaire et les énergies vertes. La question est de savoir comment développer ces énergies sans gaspiller les ressources énergétiques fossiles. Quels sont les domaines économiques prioritaires qui intéressent l'Allemagne dans sa coopération avec l'Algérie ? Les projets liés aux services et aux infrastructures nous intéressent. A la base, l'économie allemande est diversifiée. La coopération touche tous les secteurs. L'un de ces secteurs est l'engineering qui peut intéresser l'Algérie. La structure industrielle en Allemagne fait que nous avons des multinationales comme BZF et des firmes de taille moyenne, mais qui emploient deux millions de personnes. Ces entreprises sont la propriété des familles. Faire des affaires avec l'Allemagne sous-entend travailler sur les relations individuelles. Reste que, actuellement, les entreprises délocalisent vers l'Asie. Or Alger est à trois heures de Berlin. Cela est différent quand il faut faire 12 heures de vol pour rejoindre Singapour. Les entreprises moyennes peuvent venir activer dans des régions proches du pays. Il y a actuellement des investissements allemands dans des pays comme la Pologne ou la Hongrie (...). La concurrence des pays asiatiques et d'autres pays est extrêmement sérieuse. Etes-vous compétitifs avec votre force de travail ? Etes-vous compétitifs avec la manière dont vous organisez votre management ? En Allemagne, nous voulons sauvegarder notre base industrielle et améliorer la productivité. Parfois, pour rester dans la course, il faut identifier les secteurs, les sources de financement... Au Maghreb, il n'existe pas encore de marché commun, il faut donc se concentrer sur le marché de chaque pays. Chacun peut profiter dans un marché libre. Il ne faut pas rester dans le coin et attendre l'occasion de réagir. Avez-vous abordé la question de la sécurité lors de votre visite en Algérie ? La sécurité est l'un des domaines où nous coopérons. Nous allons continuer à coopérer dans le domaine sécuritaire. La sécurité est une préoccupation. Nous devrions être transparents et honnêtes (...). Nous devons soutenir les autorités dans ce domaine sur les plans politique et technique (un responsable de l'ambassade d'Allemagne à Alger prend la parole pour rappeler l'arrêt de la procédure judiciaire engagée à Berlin contre Abderezak El Para, accusé par les autorités algériennes d'avoir kidnappé les touristes allemands dans le sud du pays en 2003, ndlr). Je fais cette visite en Algérie pour apprendre et comprendre. Je veux comprendre quel est le potentiel du pays, comment ce pays fonctionne et quels sont les obstacles rencontrés. J'ai discuté avec des jeunes débordant d'ambition et d'énergie, mais qui trouvent des difficultés à réaliser leurs projets. Il est important que le pays se concentre sur la manière de supprimer ces difficultés.