Il devait répondre du chef d'accusation d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. La victime n'était autre que sa grand-mère, B. Kheïra, âgée de 81 ans à l'époque des faits. La genèse de cette affaire, qui a suscité la consternation des Oranais, remonte au 30 septembre 2002 et a eu pour théâtre la cité des 790 Logements USTO, sur la périphérie est de la ville d'Oran. La malheureuse octogénaire a été retrouvée ce jour-là, étranglée avec sa propre écharpe dans son appartement. Le ou les assassins l'avaient au préalable ligotée et bâillonnée avant de s'emparer d'environ 3 kg de bijoux, d'une somme de 1000 francs français et 1000 dirhams, qui se trouvaient dans une mallette. Un VCD a aussi été emporté. Le tribunal criminel siégeant au niveau de la cour d'Oran a statué sur cette affaire le 23 janvier dernier. B. Abderahamane et sa sœur, avocate de son état, avaient ameuté les locataires de l'immeuble en constatant que leur grand-mère ne s'était pas manifestée. Ils avaient beau tambouriner à la porte pendant plusieurs minutes ils n'eurent aucune réponse. « Ce n'était pas dans ses habitudes alors, j'ai tout de suite deviné qu'il lui était arrivé quelque chose. J'ai demandé aux voisins de me prêter main-forte pour enfoncer la porte. Nous l'avons retrouvée étranglée ». L'inculpé ne donna pas l'impression d'être troublé par ces allusions, il répondit avec calme : « Elle était en bonne santé quand je l'ai quittée la veille après la prière du maghreb. » La présidente réplique : « Ils sont unanimes à dire que votre défunte grand-mère se plaignait de votre comportement à son égard. Vous lui empruntiez souvent de l'argent et elle vous a accusé de vol. Ils ont également déclaré qu'elle n'était pas d'accord avec la jeune femme que vous vouliez épouser. » Toujours avec calme, il rejeta ces témoignages en les qualifiant de « commérages de voisinage » avant de déclarer : « C'est archifaux ! Je m'entendais très bien avec ma grand–mère. C'est moi qui ai acheté l'appartement où elle demeurait. » La représentante du ministère public a mis en exergue les traces d'égratignures relevées sur le visage de l'inculpé, l'absence d'effraction sur la porte d'entrée et le fait que la mallette n'a pas été forcée. Elle a également souligné que le prévenu a été le dernier à avoir été aperçu par les voisins la veille de la macabre découverte, au moment où il sortait de l'immeuble où demeurait la victime. « Les témoignages indiquent que l'accusé semblait présenter des troubles », a fait remarquer l'avocate générale avant de conclure son réquisitoire en requérant la peine capitale. La défense a insisté sur le fait que « les témoins n'ont pas signalé le VCD qui avait disparu. S'il était en possession de mon mandant, ils l'auraient certainement vu alors que l'assassin l'a bel et bien subtilisé » L'avocat a souligné que « les griffures sur le visage de mon client ont été constatées après l'assassinat et non pas avant. Il s'est lui-même griffé en constatant la mort de sa grand-mère ». Et d'ajouter pour démolir les témoignages : « Un témoin à charge, le voisin de la victime, a purgé une peine pour meurtre. Son fils, également témoin, est un trafiquant de drogue. Il était très proche de la défunte et il était souvent chez elle. Les investigations ont été bâclées. » L'avocat a conclu sa plaidoirie en demandant l'acquittement en faveur de son client au bénéfice du doute. Au terme des délibérations, le jury a pris en considération les arguments de la défense et a prononcé l'acquittement pour le prévenu. « Mais alors qui a donc assassiné B. Kheïra ? », chuchote l'assistance.