Reconnu comme le saint patron de la ville de Tlemcen, Sidi Boumedienne n'en est pourtant pas originaire. De son vrai nom Choâïb Ibn Al-Hussain Al Andaloussi, il est né vers 1126, à Cantillana au nord-est de Séville, en Andalousie. D'une famille modeste, il fut très tôt contraint à apprendre un métier pour lui apporter son aide. Il devient tisserand, mais au bout de quelques années, il cède à son irrésistible penchant pour l'étude et la science. Il commence par étudier le Coran et la théologie, puis quitte sa famille et sa ville pour Fès, au Maroc dans un premier temps, puis pour l'Orient. A la Mecque, il accomplit son pèlerinage après avoir étudié auprès d'autres grands professeurs. C'est dans cette contrée qu'il complète son « expérience » soufie auprès du grand Abdelkader Al-Djilani, l'initiateur de la tariqua Kadiria. Par la suite, il revient au Maghreb et s'installe, cette fois-ci, à Béjaïa où il devient professeur à son tour. Il y initie de nombreux élèves à un soufisme qu'il a adapté à la mentalité des Maghrébins. Il est d'une grande humilité, d'une grande intelligence et d'une éloquence telle qu'on le surnomme « cheikh achouyoukh (le maître des maîtres) ». Ce qui lui vaut d'être convoqué à Marrakech par le sultan almohade, Abou Youssef Yakoub Al Mansour. Et ce n'était pas une convocation amicale, car la doctrine almohade prônait un rigorisme religieux pur, mais aussi le recours à un imam, chef incontesté de la communauté. Le soufisme que Sidi Boumedienne prônait pouvait se passer du recours à cet Imam. Ce qui mettait en danger le pouvoir Almohade, qui n'appréciait pas la popularité de Sidi Boumedienne. Mais ce dernier ne refusant pas la convocation, il entreprend le fatiguant voyage pour Marrakech en dépit de ses 71 ans. Arrivé à El Eubbad près de Tlemcen, il déclare à ses compagnons : « Que ce lieu est propice pour y dormir en paix de l'éternel sommeil ! ». Il tombe alors malade et décède quelques jours plus tard. Ses compagnons l'enterrent dans le cimetière du village. Mais, c'est longtemps après sa mort, qu'il devient « El Ghout » le recours des affligés, le sauveur. Les populations lui ont attribué une baraka et ont organisé des pèlerinages à son tombeau. La mosquée, la qoubba et la medersa de Sidi Boumedienne datent, elles, du XIVe siècle. C'est le sultan mérinide Ali Abou Al Hassan qui en a ordonné la construction. De ces magnifiques édifices, la porte de la mosquée est à elle seule est un chef-d'œuvre.