Résumé de la 1re partie Sidi Boumediène est l'un des plus grands mystiques du Maghreb et du monde musulman. La ville de Tlemcen, dont il n'a pourtant jamais foulé le sol, en a fait son saint patron. Abou Madyan Chou'ayb al-Ansari, en dialectal Sidi Boumediène, est né en Espagne, en 1126 de l'ère chrétienne, dans le village de Cantillana, non loin de Séville. Il appartenait à une famille pauvre et, son père mort, il a été élevé par ses frères pour qui il gardait les troupeaux. Plus tard, ses frères le mettent en apprentissage chez un tisserand. Le jeune garçon n'aimait pas ce métier ; ce qu'il voulait, c'était étudier. Dès qu'il pouvait quitter l'atelier où on l'avait mis, il allait se mêler aux étudiants qui apprenaient dans les mosquées. Comme il était discret et surtout studieux, les maîtres ne le chassaient pas. Son patron, lassé par ses escapades, avertit ses frères. L'un d'eux le traita avec brusquerie : «Si tu t?échappes encore de l?atelier, je te donnerai une correction dont tu te souviendra toute ta vie ! ? Je ne veux pas être tisserand ! dit le jeune Chou?ayb. ? Et que veux-tu donc faire ?, demande son frère avec colère. ?Je veux étudier, lire et écrire des livres ! ?C'est un métier qui n'est pas fait pour les pauvres !», dit le frère. Il le force à retourner à l'atelier. Mais quelques jours après, le jeune garçon s'échappe encore. Et le tisserand se plaint de nouveau aux frères. Un de ses frères s'emporte et, saisissant son épée, le menace : «Je te tuerais si tu recommences !» Chou?ayb, nullement impressionné, saisit une branche de bois mort et pare le coup : l'épée en acier trempé vole en éclats. Le jeune Andalou venait de signer son premier prodige. Le frère est si impressionné qu'il bredouille : «Va, fais ce qui te plaît !» Il ne se le fait pas répéter deux fois : il prend son baluchon et décide de quitter son village pour aller chercher la science ailleurs. Mais il va errer un temps, ne sachant où aller, les localités qu'il traverse ne lui offrant aucun intérêt. Il atteint la côte et pense embarquer pour le Maghreb, mais il est toujours indécis. C?est alors qu'il fait une étrange rencontre : un vieil homme, à moitié nu, pêchant avec un bout de ficelle à laquelle est accroché un clou rouillé. «Que fais-tu ? lui demande-t-il, étonné. ?Tu ne vois pas que je pêche ! Et toi, que veux-tu faire ? ?Moi, je suis à la recherche de la science mais je ne sais où aller ! ?Va, lui dit l'homme, ne reste pas là. Tu as tellement de choses à apprendre !» Le jeune Chou?ayb se sent aussitôt plein d'assurance. Il comprend que l'homme est un mystique et qu'il vient de lui indiquer sa voie. Il traverse sans hésiter le détroit, se retrouve à Tanger puis à Ceuta et à Marrakech. Des compatriotes andalous l'accueillent et lui proposent de se faire enrôler dans la milice : il refuse, il n'est pas venu en Afrique pour se faire soldat mais pour chercher le savoir... (à suivre...)