Le monde entier sera attentif à la situation qui prévaudra dans la région des Balkans qui n'a jamais autant porté son nom, avec la naissance annoncée d'un nouvel Etat. Ou à l'inverse de la poursuite de division de la Serbie. C'est une autre – la dernière – étape dans le processus d'éclatement de la Yougoslavie entamé en 1991. Il ne porte plus sur les anciennes Républiques regroupées autour ou sous l'autorité de la Serbie, mais concerne directement cette dernière avec une opération qui se déroule à l'intérieur même de ses frontières. Il s'agit du Kosovo jusque-là province de la Serbie et dont les dirigeants ont confirmé leur décision de proclamer aujourd'hui son indépendance. La confirmation a été donnée hier par le Premier ministre du Kosovo. Les Etats-Unis et plusieurs grands pays de l'Union européenne (UE) ont exprimé au cours des dernières semaines leur intention de reconnaître rapidement l'indépendance du Kosovo après sa proclamation. En revanche, les autorités de Belgrade, fermement soutenues par la Russie, et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de la population) sont opposés à toute indépendance unilatérale de la province. En ce sens, le principal leader des Serbes du Kosovo, Milan Ivanovic, a qualifié hier d'« occupation » la mission que l'Union européenne (UE) va envoyer au Kosovo pour encadrer l'indépendance. « Par essence, la mission (de l'UE) a les caractéristiques d'une occupation et ne sera acceptée ni par la Serbie ni par les Serbes du Kosovo », a déclaré le principal leader des Serbes du Kosovo, le nationaliste Milan Ivanovic. Les pays de l'UE ont donné hier leur feu vert à l'envoi d'une mission de police et de justice, Eulex, chargée d'accompagner l'indépendance du Kosovo. « Nous nous opposerons à la mission par tous les moyens légaux. Elle n'est ni légale ni légitime. (...) Nous la boycotterons et utiliserons toutes les méthodes de la résistance civile », a dit M. Ivanovic. « La décision de l'UE est illégale et adoptée contre la charte de l'ONU et les principes de base de l'inviolabilité des frontières », a ajouté M. Ivanovic. « La Serbie est membre de l'ONU et non de l'UE et cette décision est une violation de la Charte 1244 », a-t-il dit. La résolution 1244, adoptée à la fin du conflit de 1998-1999 entre les forces serbes et les séparatistes albanais du Kosovo a prévu que le Kosovo serait administré par une mission de l'ONU tout en restant sous la souveraineté de la Serbie. Justement, la Serbie ainsi que la Russie mettent en avant cette résolution comme d'une barrière que les autres pays ne considèrent pas comme telle. Les faits le prouvent, mais quelles en seront les conséquences ?