Le mouvement de protestation des paramédicaux a été arrêté hier par une décision de justice. Dimanche soir, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a reçu la visite d'un huissier de justice signifiant que la grève entamée le 17 février dernier n'était pas conforme à la loi, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ayant déposé plainte en référé auprès de la cour d'Alger. Le département de la santé n'en est pas à sa première plainte contre un syndicat autonome. Dans une conférence de presse tenue hier à Alger, le secrétaire général du SAP, visiblement satisfait de la réussite de la grève, a affirmé que le formidable mouvement de protestation des paramédicaux ne s'arrêtera pas là. En enclenchant la machine judiciaire, a-t-il expliqué, la tutelle a attisé la flamme des protestataires. Mais pour l'heure, le syndicat des paramédicaux préfère surseoir à son mouvement de protestation. Le conseil national du syndicat devra se tenir dans une quinzaine de jours. Il y aura certainement d'autres actions de protestation », promet M. Ghachi, secrétaire général du SAP. Il enchaîne : « Au départ, le ministère de la Santé n'a pas mesuré l'ampleur de la grève. C'est la raison pour laquelle il a réagi tardivement. Si c'est une grève illégale, pourquoi a-t-il attendu que le mot d'ordre soit lancé pour le dire ? » Selon le secrétaire général du syndical des paramédicaux, l'argument du ministère de la Santé n'était pas « solide ». « Nous avons été fortement déçus par le ministère de tutelle. Il nous reproche le fait de ne pas avoir prévenu l'inspection du travail. Le fait est que notre syndicat couvre tout le territoire national, nous n'avons donc pas jugé utile de déposer le préavis de grève auprès de l'inspection du travail puisque nous l'avions déjà remis au ministère du Travail et à celui de la Santé dix jours avant la grève », plaide M. Ghachi. Ce dernier s'est insurgé contre les mesures visant à intimider les contestataires. « Je ne comprends pas pour quelles raisons les grévistes de la centrale syndicale n'ont jamais eu à subir des ponctions sur salaires. Dès que les syndicats autonomes enclenchent une grève, ils font face à ces intimidations. Qu'ils prennent tout le salaire, s'ils le souhaitent, notre mouvement ne s'arrêtera pas », assène-t-il. Initialement prévue pour les 17, 18 et 19 février, la grève lancée par le SAP a mobilisé un grand nombre de paramédicaux. A l'hôpital Salim Zmirli, à Alger, les paramédicaux grévistes nous ont expliqué que cette protestation était un « cri d'alarme ». « Nous demandons, ont-ils souligné, une amélioration de nos conditions socioprofessionnelles, une meilleure formation et une rémunération digne de notre métier. C'est dans l'intérêt des malades que nous nous battons. »