Malgré les menaces de la tutelle, les paramédicaux se disent prêts à faire aboutir leurs doléances, tout en revendiquant l'ouverture des négociations. Blocage de dialogue, mauvaises conditions de travail, salaire indécent, menace et mépris de la tutelle. Quelques mots pour résumer les raisons de la grogne des 21 filières du corps des paramédicaux, qui ont débrayé hier encore afin d'exprimer leur détermination à faire aboutir leur plateforme de revendications. À l'issue de leur sit-in habituel, organisé durant trois jours, M. Ghachi, secrétaire général du Syndicat algérien des paramédicaux, (SAP), a animé une conférence de presse au siège du SAP. “La base est prête à aller vers une grève illimitée s'il persiste à ignorer nos doléances. Nous devons débattre de cette éventuelle forme de protestation avec la Coordination nationale de la Fonction publique, puisque nous l'avons rejointe il y a moins d'un mois de cela”, a-t-il déclaré. Tout en exprimant sa satisfaction du taux de participation au mouvement qui est de 95%, le responsable du SAP a dénoncé “le double jeu” mené par le ministère de la Santé. Selon notre interlocuteur, le DRH du département de Amar Tou a contacté le syndicat, hier matin, afin de lui faire part de la décision d'appliquer le système LMD pour la formation des paramédicaux. Ce dernier leur a signalé également que la tutelle maintenait les poursuites contre le syndicat pour non-respect de la décision du tribunal. “Nous n'avons reçu aucune notification. S'il faut, nous sommes prêts à être traînés devant les tribunaux et aller même en prison pour faire aboutir notre plateforme de revendications”, a-t-il précisé. M. Ghachi a estimé que le ministère ne peut pas les accuser d'être des “hors-la-loi” d'autant que le syndicat a respecté la procédure légale du mouvement de contestation. Le SAP s'est insurgé contre les mesures visant à intimider les contestataires. “Je ne comprends pas pour quelle raison les grévistes de la Centrale syndicale n'ont jamais eu à subir des ponctions sur salaire. Alors que les syndicats autonomes, dès qu'ils enclenchent une grève, ils font face à ce genre d'intimidations. Désormais, ces actions sont devenues un rituel pour le ministère de la Santé”, a-t-il déclaré. L'orateur tire à boulets rouges contre la tutelle, accusée de casser “ce mouvement pacifique et qui persiste à tourner le dos à ses fonctionnaires et à se substituer à la justice au lieu d'ouvrir les portes du dialogue”. Il s'est également indigné contre les chiffres annoncés par le département de Amar Tou. “Nous refusons de réduire notre contestation à la guerre des chiffres. Cependant, M. Tou doit revoir sa politique et notamment sa copie en matière de statistiques. Le représentant du gouvernement parle d'un taux de 7%, nous pensons qu'il a estimé le nombre des paramédicaux qui n'ont pas adhéré au mouvement de débrayage”, ironise-t-il. Concernant l'application du système LMD dans la formation des paramédicaux, le responsable du syndicat a estimé que des négociations avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sont nécessaires puisque l'encadrement est assuré par le département de Harraoubia. Selon M. Ghachi, ce système de formation permettra à l'équipe soignante d'évoluer dans leur carrière et de grimper des échelons. “Nous voulons un statut qui nous renforce et non qui nous dévalorise et un salaire décent nous permettant de subvenir à nos besoins les plus élémentaires”, a souligné le porte-parole du SAP. Abordant la plateforme de revendications, le SG du Syndicat algérien des paramédicaux affirme que la base rejette catégoriquement la “translation transitoire” et appelle à l'ouverture de négociations entre la tutelle et les “vrais partenaires sociaux”, pour la révision du projet de statut particulier. À propos des intimidations de la tutelle, il a considéré que ces dernières n'ont fait que renforcer les rangs des contestataires. “Nous ne voulons pas aller vers le pourrissement. Nous assumons nos devoirs, mais il faut aussi faire valoir nos droits”, a-t-il conclu. Nabila Afroun