L'une des salles du palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba a brillé, jeudi soir, de mille feux, grâce au remarquable défilé de haute couture, signé par la styliste Yasmina Chellali. La créatrice n'est plus à présenter au public, tant sa réputation est bien assise aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Considérée comme la doyenne de la haute couture algérienne, Yasmina est avant tout une artiste qui a toujours su allier, dans sa couture, la créativité et l'authenticité, deux éléments qu'elle a mis en valeur, jeudi soir, lors de son prestigieux défilé de mode présent à des convives de marque. En effet, c'est dans une salle archicomble, composée notamment de VIP, que la nouvelle collection printemps-été 2008 de Yasmina a été dévoilée au grand jour. Intitulée Mes Orientales, la collection est composée de quarante-cinq tenues aux tissus divers et aux formes variées. Avec le talent pertinent qu'on lui connaît, la styliste a revisité avec une certaine extravagance certains costumes traditionnels de quelques nations. Dans la tenue « Sanâa », le regard est en admiration devant cette robe en crêpe de Chine vert d'eau, brodée en fils d'argent, portée sur un pantalon bouffant. « Alexandrie » est le nom donné à un karakou haut perlé en mousseline, rehaussé d'un gilet violet et d'un seroual en lamé beige. « Djazaïr » est un habit rivalisant de couleurs et de pierres où l'on peut apprécier un karakou, mis sur un seroual en taffetas moutarde avec un gilet en velours grenat. Dans un registre féminin au chic incommensurable, les mannequins, pour la plupart étrangers, ont déambulé à une cadence rythmée dans la chaleur d'un double chapiteau et au décor sobre. Les imposants accessoires choisis ont donné plus de poids aux tenues. Comme en témoignent ces chapeaux, ces bibis... ces bijoux berbères et touareg. Yasmina a volontiers opté pour un assemblage d'organza et de mousseline où le bois de rose et les tons chauds ont rythmé les coloris mauves. A travers le thème choisi, la styliste Yasmina a voulu lier la peinture des Orientalistes et la création de mode. La spécialiste considère que ce courant est celui qui a saisi le mieux et avec le plus de pertinence les lumières et les couleurs de l'Algérie. Ils ont traduit parfois avec beaucoup d'exotisme d'un esthétisme colonial et souvent aussi avec naïveté et une charge émotionnelle intéressante. « Intéressante pour moi, dans la mesure où ils se sont intéressés à la femme et à ses costumes. Cela ne veut pas dire bien entendu, qu'il me fallait reproduire les vêtues du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Pas du tout. Il me fallait à la fois demeurer fidèle à l'esprit créatif de ces Algériennes mais les harmoniser et les montrer dans leur évolution ». Poussant plus loin son argumentaire, Yasmina est convaincue que « reproduire un costume avec ses broderies, ses formes, ses lourdeurs n'est pas de la mode ni de la création. C'est de la perpétuation. Il s'agit d'en extraire l'âme, l'essence et de le proposer au XXIe siècle avec ses exigences. Elles sont nombreuses. Elles nous commandent d'évoluer, d'aller de l'avant ». Somme toute, la styliste Yasmina a offert un défilé aux lignes filiformes et des vêtements au porter souple, nonchalant et baroque à la fois.