Hacène Ahrès sortira dans trois mois un album toujours dans la même veine que ses premiers succès. Il chapeautera une série d'hommages rendus aux anciens de la chanson kabyle au complexe Laâdi Flici. La période, où ce proscrit était interdit des ondes, semble révolue : Hacène Ahrès, auteur-interprète kabyle, revient sur la scène algéroise en organisant un concert à l'auditorium du complexe Laâdi Flici d'Alger. L'établissement Arts et Culture l'a convié à y animer, jeudi, un concert où il fera un flash-back de ses succès. Ahrès a su s'imposer par une voix tout en trémolos et une gestuelle adéquate. Le public y a adhéré d'ailleurs, dès les débuts. Plus d'une vingtaine d'année dans le circuit artistique mais toujours avec la même fougue et le même respect du verbe bien senti. « Tizlit icebhit usefru » (l'ode rehausse le texte), expression de celui qui a côtoyé les meilleurs en s'en inspirant souvent, à l'instar de Matoub Lounès, chantre de l'engagement pour le tamazight ou encore Lounis Aït Menguellet. Ahrès est-il un rétro qui reste toujours sur ces réflexes d'antan ? Rien n'est moins sûr. Cassure avec l'actuelle scène kabyle ? Certainement, Ahrès reconnaît que les jeunes artistes n'ont cure de l'exigence musicale. « Pour durer, il faut opter pour la chanson à texte », insiste-t-il. La voix, de ce natif de Larbaâ Nath Irathen à Tizi Ouzou est reconnaissable parmi mille autres. Qu'on s'y attarde et c'est toute une période qui revient. Ahrès s'est fait connaître par ses mélopées qui parlent d'amour déçu. Tavrats bwul (la lettre du cœur), une chanson demandée par un jeune, résume une carrière marquée par l'envie de réapprendre à vivre après un amour déçu. Le troisième enfant d'une fratrie, qui compte un cardiologue et un enseignant de physique, a embarqué avec lui deux de ses frères. De cette traversée, il n'en reste qu'un, Hakim, qui l'accompagne toujours à la derbouka. Des disciples, il en a plusieurs. Tidaf Hakim, l'un des chanteurs marqués par son empreinte, sortira un album incessamment, dans la même veine que celui de l'auteur-interprète du village Adni. En dépit des couacs dus à un son médiocre, les musiciens s'y mettent sans trop d'encombre. Abella Belaïd au violon, un jeune qui a fait ses classes à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, au bendir un Boulharès Madjid toujours ingénieux ou encore Aouès Foudel à la guitare et Cheblal Sammy sauront « coller » à la voix de l'interprète. Un album, dans lequel d'autres musiciens prendront part, sera mis en vente dans les bacs d'ici trois mois, si tout va bien. « Lorsqu'on connaît le respect qu'ont de la chose artistique les éditeurs, on ne peut qu'être sceptique », reconnaît l'artiste qui assure que l'avenir de la musique n'en sera d'ailleurs que plus sombre. Pour Ahrès qui n'a pas produit d'album depuis 2006, la volonté n'y est plus. Des projets, il en a pourtant. Il compte ainsi rendre hommage aux siens. La liste des artistes morts pour certains ne serait guère exhaustive, relève Ahrès qui fera le relais avec les familles et les proches amis. Slimane Azem, Ahcène Mezani et d'autres artistes toujours vivants, à l'instar de Belhanafi, Meziane Rabah et Mejahed Hamid ne seront pas oubliés puisque le même hommage appuyé leur sera rendu. Une série de concerts sera donné dans l'enceinte du complexe Laâdi Flici, chaque semaine, où des expositions et des conférences seront organisées à l'occasion de ces journées. Ces manifestations coïncideront, rappelle Ahrès, avec la Semaine de la musique kabyle qui débutera le 5 mars et verra la participation de Rabah Ouferhat et quelques autres chanteurs connus des mélomanes kabyles.